Perran Moon à Lorient
Perran Moon à Lorient

Élu en 2024 à Westminster, le député cornouaillais Perran Moon veut rouvrir les mines d'étain et développer l'extraction de lithium dans sa région. Présent lundi au Festival Interceltique de Lorient, il a défendu une vision ambitieuse : faire des Cornouailles un "tigre celtique" grâce à la richesse de son sous-sol.

Lorient, Festival Interceltique — Le député britannique Perran Moon, élu en 2024 pour représenter les Cornouailles au Parlement de Westminster, a pris la parole ce lundi matin lors du Interceltic Business Forum, dans le cadre du Festival Interceltique de Lorient. Il fait partie des députés du Cornwall qui ont récité leur serment d'allégiance à la couronne britannique en cornique (le kernewek).

Déterminé à revitaliser l'économie de sa région, et a redonner fierté et résillence aux Cornishs, il a défendu une vision claire : la prospérité des Cornouailles passe par la valorisation de son sous-sol.

Un passé minier prestigieux

Les Cornouailles, à l'extrême sud-ouest de l'Angleterre, ont longtemps été connues pour leur richesse minérale. L'étain y a été exploité depuis l'âge du Bronze, tout comme en Bretagne. Alliage indispensable à la fabrication du bronze en combinaison avec le cuivre (également présent dans les sols cornouaillais), l'étain des Cornouailles était exporté vers les grandes civilisations méditerranéennes, contribuant dès l'Antiquité à des échanges commerciaux de grande ampleur. On a retrouvé des lingots d'étain dans une épave au large d'israel qui venaient des Cornouailles.

La dernière mine d'étain, South Crofty, a fermé ses portes en 1998, mettant fin à une tradition millénaire. Mais aujourd'hui, le contexte a changé, et le besoin mondial en ressources stratégiques redonne un intérêt à ces anciennes exploitations.

Vers une renaissance minière ?

Perran Moon milite désormais pour la réouverture de South Crofty. Il ne s'agit pas simplement de nostalgie industrielle, mais d'une réponse aux besoins actuels. L'étain reste un métal stratégique, notamment utilisé dans l'industrie électronique. Et la hausse des prix va rendre son exploitation à nouveau rentable.

Mais au-delà de l'étain, ce sont les besoins en lithium – essentiels à la transition énergétique et à la fabrication des batteries – qui attirent l'attention. En 2021, une mine de carbonate de lithium a été ouverte dans la région, et produit depuis un minerai reconnu pour sa qualité.

Une vision pour l'avenir des Cornouailles

À Lorient, Perran Moon a insisté sur la nécessité de développer une économie durable et ancrée localement. Réouvrir des mines ne signifie pas revenir aux conditions du passé, mais miser sur des technologies modernes, respectueuses de l'environnement et créatrices d'emplois. Pour ce député engagé, les Cornouailles doivent maîtriser leurs ressources, créer de la valeur sur place, et sortir d'une économie de dépendance. Il a déclaré lundi à Lorient : " Il est temps d'ouvrir la porte de la cage et de libérer le tigre celtique cornouaillais. "

Alors que la Bretagne et les Cornouailles partagent une langue et une culture celtiques communes, leurs réalités économiques convergent à nouveau, notamment autour de la valorisation de leurs ressources naturelles. Un sujet qui, à l'heure de la transition énergétique mondiale, mérite toute notre attention.

Et la Bretagne ?

Un sujet qui, à l'heure de la transition énergétique mondiale, mérite toute notre attention — d'autant plus en Bretagne, où deux visions du futur s'affrontent : d'un côté, ceux qui plaident pour le développement des ressources locales, car elles existent aussi en Bretagne et pourraient être la clé d'un retour à la prospérité ; de l'autre, ceux qui défendent avant tout la préservation des paysages, opposés aux mines comme aux éoliennes en mer, et qui rêvent d'une Bretagne-parc naturel, maison de retraite géante et destination touristique.
Un débat de fond, qui ne fait que commencer.