Seulement 2,7 % des habitants des cinq départements de la Bretagne historique déclarent parler très bien ou assez bien la langue, contre 5,7 % en 2018. Cela représente environ 107 000 personnes, soit une perte de 50 % en six ans.

Un recul majeur du nombre de locuteurs

L’étude commandée par la Région Bretagne et réalisée par l’institut TMO (voir le PDF en dessous) confirme un effondrement du nombre de locuteurs du breton et du gallo en Bretagne :

  • Breton : seulement 2,7 % des habitants des cinq départements de la Bretagne historique déclarent parler très bien ou assez bien la langue, contre 5,7 % en 2018. Cela représente environ 107 000 personnes, soit une perte de 50 % en six ans.
  • Gallo : le recul est également significatif, avec 3,3 % de locuteurs, soit 132 000 personnes, en baisse de 1,8 point depuis 2018.

Une mutation du profil des locuteurs

Photo DIWAN  de St HerblainPhoto DIWAN de St Herblain

Si la transmission familiale continue de s’effondrer, l’école devient le principal canal d’apprentissage du breton :

  • L’âge moyen des locuteurs est passé de 70 ans en 2018 à 58,5 ans en 2024.
  • Une hausse du nombre de locuteurs chez les 25-39 ans et une relative stabilité chez les 15-24 ans montrent l’effet de l’enseignement bilingue.
  • En revanche, la disparition rapide des locuteurs natifs âgés entraîne une forte baisse du nombre total de bretonnants.

Une transmission familiale en chute libre

  • Seuls 16 % des locuteurs ont appris le breton à la maison (-10 points par rapport à 2018).
  • 78 % des locuteurs actuels l’ont appris via l’enseignement scolaire, un chiffre en forte hausse.

Cette tendance met en lumière un bouleversement profond : le breton n’est plus une langue transmise naturellement au sein des familles, mais devient une langue enseignée.

Perception de l’avenir du breton et du gallo

L’étude révèle un attachement fort au breton, mais aussi un pessimisme sur l’avenir des langues de Bretagne :

  • 64 % des Bretons se déclarent attachés au breton, contre 43 % pour le gallo.
  • 49 % des sondés pensent que le breton va se stabiliser ou progresser d’ici dix ans.
  • 69 % des répondants estiment en revanche que le gallo est condamné à disparaître ou à se marginaliser encore davantage.

Des efforts régionaux face à des défis persistants

Face à ce constat préoccupant, la Région Bretagne met en place plusieurs mesures :

  • Un Plan de réappropriation des langues (2024-2027) doté de 13 millions d’euros.
  • Un financement accru pour l’enseignement bilingue, la formation des adultes et le développement numérique du breton.
  • Un soutien renforcé à la production audiovisuelle et aux médias en breton.
  • Une première certification officielle en gallo prévue pour 2026.
  • Une volonté d’accroître la visibilité du gallo dans l’espace public avec une signalétique trilingue breton-français-gallo.

Un manque d’enseignants qui freine le développement du bilinguisme

Malgré la demande croissante pour les classes bilingues, un problème structurel persiste :

  • Pénurie d’enseignants, notamment dans le secondaire, où il devient difficile de recruter des professeurs capables d’enseigner des matières en breton.
  • Formation insuffisante malgré les dispositifs mis en place par l’Office Public de la Langue Bretonne (OPLB) et la Région Bretagne.

Diwan : un déficit financier qui menace l’avenir du réseau immersif

Le réseau Diwan, pilier de l’enseignement immersif en breton, fait face à une situation financière critique :

  • 500 000 euros de déficit en 2024, partiellement comblés par un appel aux dons, mais laissant planer une menace sur l’avenir du réseau.
  • L’État ne finance que les frais de fonctionnement, laissant Diwan dépendre des collectivités et des contributions privées.
  • L’augmentation du nombre d’élèves génère des besoins supplémentaires en locaux et enseignants, aggravant la pression financière.

Une alerte maintes fois ignorée ?

Lors des élections régionales de 2021, plusieurs organisations, dont Bretagne Majeure, Breizh-ImPacte et Kevre Breizh, avaient alerté sur la situation préoccupante du breton. Le juriste Yvon Ollivier avait même proposé un "Plan Marshall" pour sauver la langue, mais ces appels sont restés sans suite.

Si le budget régional consacré aux langues de Bretagne a progressé, il reste encore très en deçà des besoins pour assurer une transmission durable. Le déficit de Diwan en est l’illustration la plus frappante.

Dans une interview accordée au linguiste et journaliste Michel Feltin-Palas et publiée dans L’Express, le musicien Alan Stivell résumait clairement la situation :« Pour sauver le breton, la Bretagne doit accéder à l’autonomie. »

Un avenir incertain malgré des efforts accrus

  • La Région Bretagne demande une meilleure reconnaissance de l’enseignement immersif, notamment après la censure partielle de la loi Molac par le Conseil constitutionnel en 2021.
  • L’Office Public de la Langue Bretonne (OPLB) et les associations linguistiques appellent à une mobilisation accrue des pouvoirs publics pour former plus d’enseignants et stabiliser les financements.
  • Bien que l’intérêt des familles pour le bilinguisme reste fort, ces obstacles structurels freinent le développement de l’enseignement en breton et rendent incertain l’avenir des filières immersives.

Si des efforts importants ont été engagés pour ralentir le déclin de la langue, la faible transmission familiale, le manque d’enseignants et les insuffisances budgétaires posent un défi majeur. L’avenir du breton et du gallo repose désormais sur la capacité des écoles bilingues et des nouveaux locuteurs à assurer une transmission durable.

Retrouvez l'intégralité de l'étude de TMO ici 

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