
Si la langue disparaît, la culture dispaîtra
Réalisation : ABP – 1363 vues
De nombreux artistes bretons venus à Carhaix en soutien de la langue bretonne.
Sous l'impulsion de la chanteuse Gwennyn, de nombreux artistes bretons se sont retrouvés à Carhaix le 19 août pour annoncer le festival Breizh a live, qui se tiendra le 6 septembre à la salle Glenmor. Objectif : passer à la vitesse supérieur en ce qui concerne l'avenir de la langue bretonne.
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Carhaix, août 2025 – Dans la grande salle de la mairie de Carhaix, ce n’était pas un simple rendez-vous médiatique. La conférence de presse organisée à l’initiative de la chanteuse Gwennyn ressemblait davantage à une déclaration collective d’amour et d’urgence pour la langue bretonne. Autour d’elle, une dizaine de figures de la scène musicale bretonne – Dan ar Braz, Gilles Servat, Jean-Louis Jossic, Clarisse Lavanant, Jean-Charles Guichen, Aziliz Manrow, Don Duff – ont pris la parole, chacun livrant son histoire intime avec la langue, entre apprentissage, transmission et revendication. Tous sauf Gilles Servat, retenu ailleurs, se retrouveront le 6 septembre, à la salle Glenmor, pour un festival inédit : Breizh a live. Bretagne au niveau en français avec ce jeu de mot Breizh alive, Bretagne vivante.
Une mobilisation pour accueillir la jeunesse bretonnante
La langue bretonne compte environ 55 000 locuteurs de moins de 35 ans Les 55000 locuteurs de moins de 35 ans représentent la moitié des 110 000 locuteurs brittophones en tout. Les jeunes représentent donc une part importante malgré tout ce qui a pu être dit. Le breton n'est plus le domaine des anciens et des Hepads ! Pour Gwennyn il s'agit "d'interpeler la société bretonne sur la nécessité d’accueillir cette nouvelle generation de bretonnants dans de bonnes conditions, et arrêter de pleurer sur le passé désastreux des politiques linguistiques en France, mais ne compter que sur nous-mêmes !"
Le programme du 6 septembre reflète cette volonté de rassemblement : une conférence-débat sur l’avenir du breton ouvrira la journée, réunissant artistes, jeunes brittophones, représentants des filières bilingues et l’Office public de la langue bretonne. Les concerts s’enchaîneront ensuite, avec des têtes d’affiche comme Denez Prigent, Christophe Miossec, Nolwenn Korbell, Clarisse Lavanant, Per Vari Kervarec, Jean-Charles Guichen, Brieg Guerveno, Madelyn Ann, B.R.E.T.O.N.S, Madelyn Ann, Shõ, Forzh Penaos, Plouz & Foen, ou encore Don Duff. Le tout se terminera par un grand fest-noz, symbole de la fête partagée et de la transmission populaire.
Des paroles fortes et des blessures encore vives
Certains propos ont marqué les esprits. Dan ar Braz, figure tutélaire de la musique bretonne, a lancé une interpellation directe à l’État :
« Nous attendons des excuses de la République française. Oui, vous apprendre le français était une bonne idée. Mais nous l’avons fait en détruisant votre langue. Nous nous en excusons. Et maintenant, nous allons vous donner les moyens de l’apprendre. »
Un silence a suivi, comme pour mesurer la portée de cette déclaration. Car si la répression du breton à l’école appartient officiellement au passé, la blessure reste vive. Gilles Servat, de son côté, a rappelé sa découverte du breton à Groix en 1969. « J’ai appris mes premières chansons, et c’est ainsi que j’ai commencé à parler. On n’apprend pas une langue en débutant par la grammaire, mais en s’en imprégnant. » Une conviction partagée par Clarisse Lavanant, qui a évoqué avec émotion son apprentissage tardif : « C’est comme réparer quelque chose qui avait été abîmé. »
Jean-Louis Jossic, ancien chanteur de Tri Yann et élu nantais, a insisté sur l’importance symbolique du breton en Loire-Atlantique, où les panneaux bilingues se multiplient et poussent les habitants à se poser des questions : « La langue ouvre les yeux sur l’identité, elle donne aux habitants la conscience d’appartenir à la Bretagne. »
Une jeunesse en première ligne
La relève n’était pas absente de la conférence. La toute jeune Anza, 11 ans, est venue saluer les artistes. Elle s’était fait remarquer quelques semaines plus tôt aux Vieilles Charrues en reprenant, en breton, une chanson de Zaho de Sagazan. Elle participera elle aussi à Breizh a live, incarnation d’un avenir encore possible. « Voir des enfants chanter en breton, c’est notre plus bel espoir », a commenté Jean-Charles Guichen.
L’artiste de rue Zag était aussi présent : il réalisera une fresque géante représentant le logo du festival, un soleil levant orné d’une hermine. Comme pour dire que la langue, loin de s’éteindre, peut encore rayonner si on lui en donne les moyens.
Un front commun
Lors de la conférence de presse, la présence aux côtés des artistes de la présidente des écoles Diwan, Anne-Sophie Brats, du directeur de Div Yezh Breizh, Olivier Guillin, et de Gwenegan Caouissin, coordinateur et animateur du réseau Divaskell Breizh, qui regroupe les écoles privées bilingues, illustre la convergence entre militants associatifs, enseignants et musiciens. Tous rappellent que la langue ne survivra que si elle trouve sa place à la fois à l’école, dans les familles et dans la société.
Billetterie
Les billets pour Breizh a live sont d’ores et déjà disponibles en ligne. Le tarif est fixé à 15 € pour les adultes, 10 € pour les moins de 25 ans, tandis que l’entrée sera gratuite pour les enfants de moins de 12 ans.
🎟️ Réservations : HelloAsso
Commentaires (8)
Chans vat mamestra.
Comme pour la réunification de la réunification de la Bretagne combattue par les français de l’Ouest.
Rassemblons nous bretons des 5 départements, bretons de coeur, bretons d’adoption, bretons de toutes couleurs.
N’oublions pas qu’une grande partie de politiciens français souhaite notre disparition dans une république une indivisible et monolingue.
Un Deiz e vo sklaer an Amzer
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"Et maintenant, nous allons vous donner les moyens de l’apprendre".
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Ce n'est pas une obole, c'est plus qu'une exigence, c'est un dû!
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Mais ce changement de politique, très attendu, ne suffira pas, si les familles, des familles ne se lancent pas délibérément dans cette belle aventure de reconquête de la langue. Belle, d’abord parce que la langue bretonne est un joyau, qui introduit aux mécanismes de la pensée humaine. Enthousiasmante, car annonciatrice et porteuse d’avenir.
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« On n’apprend pas une langue en débutant par la grammaire, mais en s’en imprégnant »
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De simples phrases ou bouts de phrases adressés à l’enfant en situation, sont un véritable trésor que ce dernier gardera toute sa vie, dans son for intérieur. Je sais de quoi je parle. Da ziwall koulskoude. Attention, cependant : les intonations (phonologie) proposent un autre univers sonore, non pas concurrent, mais différent. Ce point est clé pour ceux qui viennent à la langue depuis un environnement extérieur ou étranger.
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« C’est comme réparer quelque chose qui avait été abîmé. »
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Tout à fait. Et cela dépasse l’individu. Cela emporte une dimension sociétale. Aujourd’hui encore, les organisations officielles (privées ou non), les entrepreneurs ou commerçants ont peur d’afficher quelques éléments de langue bretonne (même à titre symbolique) dans leur communication publique ou leurs produits. C’est indispensable concrètement si l’on veut parler de réparation et de bien-être... pour tous (bretonnants ou pas) ! Il y a donc du chemin à faire !
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Mais la civilisation est à ce prix !
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Hir eo an hent c’hoazh ! Ar bolontez bolitikel eo ar pep-pouesuzañ ! Mes, posubl eo, a-benn ar fin !
Les slogans et les mots ont leur importance:
"Rendez-nous ce que vous nous avez volé !" est un slogan-choc qui résume notre histoire et ce que nous voulons maintenant .
A galon
Les Bretons sont dignes, et parmi eux plus encore leurs artistes, aujourd’hui encore et toujours si près du cœur/chœur celtique éternel de la 1ère Partie de la :
PROPHÉTIE DE GWENC’HLAN :
« Quand le soleil se couche, quand la mer s’enfle, je chante sur le seuil de ma porte. »
« Quand j’étais jeune, je chantais ; devenu vieux, je chante encore. »
« Je chante la nuit, je chante le jour, et je suis chagrin cependant. »
« Si j’ai la tête baissée, si je suis chagrin, ce n’est pas sans motifs. »
« Ce n’est pas que j’aie peur ; je n’ai pas peur d’être tué. »
« Ce n’est pas que j’aie peur ; assez longtemps j’ai vécu. »
« Quand on ne me cherchera pas, on me trouvera ; et quand on me cherche, on ne me trouve pas.
« Peu importe ce qui adviendra, ce qui doit être sera. »
« Il faut que tous meurent trois fois, avant de se reposer enfin. »
Bien entendu dans « notre Barzaz Breiz », il reste deux autres parties à ce vieux chant populaire, de ces très vieux Bretons…et dans notre langue bretonne.
Télérama du 20 août.
Pas sûr que ce magazine parisien tienne le même discours s'il s'agissait de langue bretonne...