Les champs de bataille de Plogoff
Les champs de bataille de Plogoff

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Des Pierres contre des Fusils présenté au Festival de Cannes

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Le cinéma breton a bien changé depuis 1980, une époque où, selon Nicole Le Garrec, "il fallait monter à Paris pour chaque étape de la production d'un film" alors qu'aujourd'hui on peut "faire en Bretagne un film de A à Z sur le territoire, du travail d’écriture, du scénario jusqu’à la distribution".

C'était en hiver 1980. Toute la population de Plogoff à la Pointe du Raz refusait l'installation d'une centrale nucléaire. Six semaines de luttes quotidiennes menées jour et nuit par les femmes, les enfants, les pêcheurs, des anciens combattants, des retraités et les paysans de cette terre magnifique du Cap Sizun. Ces Bretons qui voulaient garder leurs terres et leur âme ont dit non au nucléaire et ont refusé la venue d'une commission d'enquête dont la conclusion pro-gouvernementale était connue d'avance. Cette épopée de Bretons armés de lance-pierres face aux CRS, aux gardes mobiles et aux parachutistes armés de fusils lance-grenades lacrymogènes, Nicole et Félix Le Garrec l'ont filmé de bout en bout jour et nuit jusqu'à la victoire finale lorsque le nouveau président élu François Mitterrand décide d'abandonner le projet. Le film de Félix et Nicole Le Garrec Plogoff :Des Pierres contre des fusils a été remastérisé. La Région a financé ce projet chronophage qui a consisté à scanner la version originale du film (1980) puis à retravailler le tout image par image.
C'est grâce à Felix et Nicole Le Garrec, qui étaient des pionniers, des précurseurs qui travaillaient avec René Vautier et d'autres il y a 40, 50 ans; c'est grâce à eux qu'aujourd'hui la Bretagne est une vraie terre de cinéma__Jean Michel Le Boulanger
La nouvelle version restaurée a été projetée hier soir à Douarnenez dans une salle comble du cinéma Le Club. En présence des auteurs, du distributeur Anthony Trihan (Next Film), du Pôle Audiovisuel Douarnenez-Cornouaille, et de Jean-Michel Le Boulanger, vice-président à la Culture au Conseil régional de la région Bretagne, et du public dont des habitants de Plogoff . Certains avaient vécu ces évènements. Le public a applaudi à la fin de la projection. Le cinéma breton a bien changé depuis 1980, une époque où, selon Nicole Le Garrec, "il fallait monter à Paris pour chaque étape de la production d'un film" alors qu'aujourd'hui on peut "faire en Bretagne un film de A à Z sur le territoire, du travail d’écriture jusqu’à la distribution".
Voir de visu aujourd'hui toute la chaîne de cinéma, à tous les postes, il n'y a pas de cases vides. Depuis l'écriture du film, le scénario, jusqu'à la distribution il y a partout des Bretons. Cela nous touche beaucoup car quand on a commencé à faire des films, il fallait donc aller à Paris chercher des monteuses. C'était pas facile. La Bretagne n'avait pas l'image qu'elle a aujourd'hui. Il y avait des gens qui ne voulaient pas venir en Bretagne, qui refusaient d'aller au-delà de Rennes, alors qu'aujourd'hui, on est allé à Douarnenez pour trouver un distributeur_Nicole Le Garrec