
Bretagne, Normandie, Val de Loire, Vendée/Poitou : pour 4 régions fortes, c’est maintenant
Réalisation : Bretagne Prospective – 667 vues
Loin des visions parisiennes d'un " Grand Ouest " que les Bretons rejettent catégoriquement, il appelle à reconnaître la force des quatre régions naturelles de l'Ouest – Bretagne, Normandie, Val de Loire, Poitou-Charentes – comme autant de leviers pour une démocratie territoriale plus proche des habitants.
L'Université d'été de Bretagne Prospective s'est tenue le 26 août 2025 à Nantes, réunissant chercheurs, élus et acteurs économiques autour d'un thème central : l'avenir des territoires de l'ouest de l'hexagone. Le géographe Jean Ollivro y a présenté un travail de fond sur l'histoire des découpages régionaux en France et a formulé à nouveau cette proposition : réorganiser l'Ouest de la France en quatre grandes régions cohérentes basées sur leurs traditions, leurs histoires et leur cohérence économique.
L'absurdité du découpage actuel
Pour Jean Ollivro, les découpages actuels souffrent d'un double travers : l'hypercentralisme parisien qui concentre richesses et décisions, et des " régions hors-sol " construites selon une logique technocratique. Ainsi, le Pays de la Loire apparaît comme une invention administrative dépourvue d'identité réelle, tandis que l'immense Nouvelle-Aquitaine juxtapose sans cohérence le Limousin, le Pays basque ou le Béarn.
Il rappelle que la région Bretagne, amputée de la Loire-Atlantique, n'a jamais cessé de revendiquer son unité : manifestations massives à Nantes et 105 000 signatures recueillies pour la réunification… sans effet à ce jour. Un vrai déni de démocratie.
Le retour aux évidences historiques
L'analyse comparée des propositions de découpages depuis la Révolution française, des réflexions du Comité Balladur en 2008 ou encore des débats de 2014, montre que quatre ensembles s'imposent avec constance :
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La Bretagne réunifiée avec la Loire-Atlantique, portée par une identité forte, un réseau polycentrique de villes et une ouverture maritime évidente. À l'échelle européenne, elle passerait du 33ᵉ au 16ᵉ rang en population si elle retrouvait son intégrité.
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La Normandie, rassemblée depuis 2016, qui a retrouvé cohérence et visibilité en unifiant Haute et Basse-Normandie.
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Le Val de Loire, héritier de provinces anciennes (Anjou, Maine,Touraine, Orléanais), doté d'un nom prestigieux et universellement reconnu grâce à ses châteaux inscrits au patrimoine mondial de l'UNESCO.
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Le Poitou-Vendée-Charentes, espace marqué par une forte identité historique (Bas-Poitou, Pictes, traditions rurales et maritimes) et qui fut déjà une région entre 1956 et 2016 mais sans la Vendée qui est en fait le Bas-Poitou.
Quatre régions " équilibrées " ?
Jean Ollivro parle de régions " équilibrées " démographiquement et économiquement. Toutefois, le terme prête à discussion : faut-il que toutes les régions aient la même taille ? Si l'on pousse la logique, l'Alsace n'aurait pas droit à revenir à son statut de région à part entière ? Et qu'en serait-il si l'Anjou ou le Maine réclamaient un retour à leur identité historique ou si la Vendée préfèrait rester associée à cet Anjou avec lequel elle a partagé une insurrection pendant la Révolution ? le Nord de la Vendée comme l'Anjou sont des régions de tradition catholique alors que le haut Poitou, le sud de la Vendée et La Rochelle en Charente maritime étaient des foyers du protestantisme. Ces racines, absentes des réformes technocratiques, soulignent l'importance de demander l'avis des habitants.
Territoires vécus, territoires porteurs
Jean Ollivro conclut que les régions ne doivent pas être réduites à des périmètres administratifs mais s'appuyer sur des identités vécues : symboles, langues, paysages, réseaux culturels, échanges, associations. " On ne peut pas respecter un territoire que l'on ne connaît pas ", affirme-t-il, plaidant pour une éducation populaire à l'histoire et à la culture régionales.
Loin des visions parisiennes d'un " Grand Ouest " que les Bretons rejettent catégoriquement, il appelle à reconnaître la force des quatre régions naturelles de l'Ouest – Bretagne, Normandie, Val de Loire, Poitou-Charentes – comme autant de leviers pour une démocratie territoriale plus proche des habitants.
Commentaires (24)
Mais pensez vous que les femmes et les hommes politiques y soient sensibles ?
Merci Monsieur Ollivro pour ce travail remarquable.
Un Deiz e vo sklaer an Amzer . Spi ´meus !
Une Région n'a rien à réunifier, modifier ou quoique ce soit contrairement aux 3 autres, la Normandie. C'est un vrai intrus. Elle ne ne se voit, en plus, absolument pas comme une composante d'un Grand-Ouest.
Elle est centrée sur le triangle Le Havre-Rouen-Caen (plutôt au Nord-Est de la Normandie) et est clairement orientée Hauts-de-France (Picardie-Flandres) et Ile-de-France actuellement que ce soit en terme de flux humains, économiques mais aussi de perception culturelle et géographique (liens avec l'Angleterre, l'Europe du Nord, la langue d'Oil).
Autre élément, la carte c'est un Grand-Ouest qui est pourtant combattu dans le propos. Une grosse pub pour un Grand-Ouest administratif, bien clair, bien délimité, bien large, une île même (les voisins sont comme la mer, totalement invisibles), plutôt centré sur Rennes (sinon il n'y aurait pas la Normandie). Un Grand-Ouest bien large puisqu'il part des confins de Paris et de son agglomération (Dreux, Orléans, Chartres etc) aux confins de Bordeaux et son Aire urbaine (estuaire de la Gironde, Charente). Mais en les effaçant totalement du paysage de cette carte.
Enfin la clarté, simplicité, facilité dont il est question, n'est pas de mise. La proposition revient à impliquer de nombreuses régions. Si il s'agit de réunifier la Bretagne avant tout, et bien mieux vaut ne pas s'avancer sur le reste et limiter les effets dominos.
Or là, on a une proposition de recomposition générale (pays de la Loire, Centre-Val-de-Loire, Nouvelle-Aquitaine...) qui inclue plusieurs régions non présentées sur la carte (ex-Aquitaine, ex-Limousin et probablement ex-Auvergne, Occitanie etc) , et qui se veut un peu "clé en main". Sauf que l'on voit surtout beaucoup d'acteurs, beaucoup de changement, beaucoup de situations différentes (rattachements pour les uns, défusion pour d'autres etc), et que l'on ne sait pas ce que deviennent de nombreux départements et régions impactées directement (ou plus indirectement). Par contre la Normandie n'a rien à voir avec la recomposition !
Tiens donc ? Si on trace une ligne allant du fond de la baie du Mont Saint-Michel au fond de la baie de Bourgneuf, eh bien, la Bretagne déborde assez largement à l'est. Ce n'est pas avec ce genre d'argument qu'on pourrait réunifier la Bretagne.
Les limites de la Bretagne n'ont de valeur que parce qu'elles correspondent à une Histoire vieille de douze siècles. On chercherait vainement une unité culturelle, à l'exception de marques de l'administration ducale (les hermines, par exemple).
Vers Bourgneuf (44) et Bouin (85) les rochers s'arrêtent et font place au marais (breton!) puis à des plages de sable jusqu'aux Landes. Au Nord le Couesnon. Avec Les 2 forteresses à l'Est, de Clisson et Fougères, bâtiments construits par les bretons.
Ce sont des bornes qu'il faut marteler pour contrer les anti-bretons B4tristes avec leur limite artificielle de la Vilaine.
Les écarts sont bien importants dans les exemples que vous donnez par rapport à de nombreuses régions actuelles. Avoir des départements très peuplés n'est pas forcément gage de richesse, cela fait un gros agrégat mais c'est normal puisque c'est plus grand ou plus nombreux, cela ne veut pas dire qualité de vie ou richesse par habitants.
Et puis à l'intérieur d'une même Région vous avez actuellement d'énormes disparités. Exemple entre la Mayenne et le 44 dans les Pays-de-la-Loire, deux départements qui entretiennent qui plus assez peu d'échanges. Tout ces chiffres ne veulent pas dire grand chose. De toutes les façons c'est la dimension historique et identitaire qui domine la revendication de la Bretagne à 5 département, plus que l'économie. On sait bien que pour un habitant de Callac ou Gourin cela ne changera pas grand chose dans la vie du quotidien.
Ceci n'est pas contradictoire avec mon message. Vous parler de "fédérer", moi je vous dis que l'Histoire pourrait favoriser une fusion des 2 Régions mais est insuffisante pour parvenir à une Bretagne Région à 5 départements stricto-sensu.
Car pour y parvenir, il faut dissocier le 44 des Pays-de-la-Loire dans laquelle est intégrée dans tous les domaines administratifs, économiques etc
Pour arriver à B5, il faudrait quelque chose de bien plus puissant que la seule Histoire.
Regardez la proposition de Jean Ollivro. La Mayenne, la Sarthe et le Maine-et-Loire restent ensemble. Cela fait consensus. Pourquoi ? Car, au nom de l'Histoire difficile de séparer la Mayenne de la Sarthe (Maine), mais aussi, de séparer le Maine-et-Loire, car l'arrondissement de Chateau-Gonthier en Mayenne est angevin historiquement. Par contre l'Histoire n'empêche pas Jean Ollivro d'élargir à d'autres provinces, le Berry, l'Orléanais etc
Pour la Bretagne c'est un peu pareil, la critique est forte d'avoir dissocié le 44 de la Bretagne, au nom de l'Histoire. Mais elle l'est beaucoup moins dans le 44 de faire une Région plus grande que la Bretagne historique. D'autant qu'aujourd'hui Nantes est pleinement intégrée aux Pays-de-la-Loire, à la Vendée, au 49 etc Il faudrait quelque chose de bien bien fort, irrédentiste, pour qu'il y ait volonté de dissoudre complétement les Pays-de-la-Loire. Cela pourrait être la langue, quelque chose de plus viscéral.
Pas sûr que les mayennais se sentent plus proches du Berry que de la Bretagne pourtant.
Sur un stand de fêtes bretonnes, l'été, quel seraient les "bons" arguments pour :
- les "autochtones" bretons du 44 ?
- les touristes bretons qui sont venus en 44 ?
- Les "français" qui sont venus en 44 ?
- Les "étrangers" européens et du monde qui sont venus en 44 ?
L'histoire une une donnée scientifique qui doit s'apprendre pour pouvoir envisager l'avenir. C'est notre mémoire qui fermait encore de réfléchir en breton.
Il y a aussi la géographie des limites "pertiNantes " en B5 vu le "triangle breton".
Il y a l’économie qui nous donne du travail, une marge de manœuvre si une partie est gardée en Bretagne.
à toi camarade de compléter cette liste :
Quelle plaisanterie!
D'accord avec Max L. : la Normandie est hors sujet.
Cohérence des traditions et histoires : il faut m'expliquer cette affirmation pour la Mayenne et le Cher dans la région Val de Loire.
Cohérence économique :
- Vendée - Poitou - Charentes : PIB = 91 milliards €
- Val de Loire : PIB = 152 milliards €
- Bretagne : 195 milliards €
Cohérence économique???
Populations :
- Vendée - Poitou - Charentes : 2 544 M
- Val de Loire : 4 281 M
- Bretagne : 4 900 M
Cohérence démographique ?
Dans tous les cas, the winner is... la Bretagne.
Quelle surprise!
Sinon nous nous serions tous contentés ici de la fusion B4-PdlL en 2014 telle que proposée par le Maire de Nantes, du Mans, de Brest, de Rennes et dans un deuxième temps du président des PdlL ou d'Hollande (du moins d'après la presse). A vraie dire même si je n'y étais pas du tout favorable, on ne sait pas trop pourquoi cela n'a pas été fait, un peu comme pour cet Aéroport pour lequel les habitants du 44 ont voté "oui". Une légende infondée autour de Le Drian a semble t-il était montée de toute pièce, mais il y a fort à parier que d'autres considérations plus profondes ont abouti à une carte fusionnant l'Alsace avec la Champagne-Ardenne, ou Languedoc-Roussillon avec Midi-Pyrénées notamment mais pas réunir les deux grandes capitales historiques de la Bretagne ensemble !?
Vos arguments sont très contradictoires, dans le sens où d'un côté vous soulignes que la Région Val-de-Loire avec Angers, Le Mans, Tours, Orléans pèserait finalement assez peu comparé à une Bretagne réunifiée, mais de l'autre vous semblez vous contenter de la Région Centre-Val-de-Loire actuelle encore bien moins peuplée ou riche ??
Et le fait que les Pays-de-la-Loire devance la B4 sur les deux plans actuellement ne vous pose également pas de problème alors que tout repose sur le fait de déshabiller la Bretagne au profit de cette Région PdlL.
En réalité, les initiateurs de cette carte cherche justement à vouloir faire des sortes de "Bretagne Bis" pour les régions voisines, en terme de taille ou de dimension plus ou moins identitaires. Donc votre argument de taille me parait peu pertinent. D'autant que les Régions actuelles sont très déséquilibrées.. par exemple Ile-de-France et Centre-Val-de-Loire qui sont voisines, très proches ou imbriquées et pas très grandes géographiquement c'est la nuit et le jour en terme de démographie et de poids économique. De même B4 et PdlL paraissent finalement comme des nains par rapport à de nouvelles régions.
En réalité ce qui compte beaucoup, c'est une forme de cohérence, d'imbrication. Et là je vous rejoins plutôt sur le Val-de-Loire, effectivement la Mayenne avec le Berry cela ne coule pas forcément de source (si je puis dire) même si ce n'est non plus une totale aberration (cela reste des département du réseau hydrographique ligérien avec une position vis à vis de Paris assez similaire). Disons que ce ne sont pas forcément le 1er regroupement que l'on ferait en terme d'habitudes de vies, d'habitudes sociales.
Quatre régions fortes, le Retour de la Communauté de l'an neuf!
Par ailleurs la moitié des quelques circonscriptions du département, sont concentrées sur Nantes Métropole pour résumer. Ce qui se passe ensuite au Conseil Départemental, relève bien plus d'arcanes et du phénomène de Cours que de la démocratie, tout ceci n'étant pas médiatisé pour ainsi dire.
La seule possibilité serait un vote nationaliste breton dans le 44 (au moins 5-10 % des voix), qui obligerait les autres listes à s'engager. Mais les modes de scrutin de toutes les élections n'aident pas du tout .