Portique
Portique © Domaine public

Carte de l\\\'écotaxte. 
Source : Ministère du développement durable.
Carte de l\\\'écotaxte. Source : Ministère du développement durable. © Domaine public

Vendredi en début d'après-midi des manifestants ont abattu, près de Guiclan, un portique écotaxe enjambant la route à 4 voies qui relie Brest à Quimper et Nantes.

Vendredi en début d'après-midi, des manifestants ont abattu, près de Guiclan, un portique écotaxe enjambant la route à 4 voies qui relie Brest à Quimper et Nantes.

Autoroute bloquée jusqu'à 20 heures

Pour abattre la structure, les manifestants ont dû l'attaquer à la meuleuse. Après une prise de parole, les manifestants ont tiré sur des cordes pour faire basculer le portique. Les pompiers ont dû ensuite découper le portique en tronçons afin de pouvoir déblayer la route. La voie express a été ouverte de nouveau à la circulation vers 20 heures.

L'écotaxe, c'est quoi ?

L'écotaxe, proposée lors du Grenelle de l'environnement sous la présidence Sarkozy, prévoit une taxe sur l'émission industrielle de carbone et particulièrement pour les transporteurs routiers. Elle débuterait le 1er octobre 2013.

Comment ça marche

Les nouveaux portiques et les bornes écotaxes sont équipés de systèmes électroniques destinés au paiement de l'écotaxe. Le système marche grâce à des boîtiers émetteurs embarqués dotés d'un système GPS, donc pouvant transmettre la position du camion. Tous les camions de plus de 3,5 tonnes devront en être équipés. Le kilométrage est ainsi calculé automatiquement et facturé au transporteur. À noter que si les récepteurs sont situés très haut sur des portiques enjambant les autoroutes, les routes nationales, quant à elles, sont équipées de bornes sur le bas-côté. Les bornes comme les portiques peuvent photographier les plaques d'immatriculation comme le font les radars routiers.

Histoire

À noter d'abord que le coût de la taxe au kilomètre est variable : de 2,5 à 20 centimes. Elle dépend principalement du nombre d'essieux du camion. Par contre les élus bretons auraient obtenu certains aménagements pour la péninsule. Une dérogation à la sacro-sainte égalité républicaine devant l'impôt en ce qui concerne l’écotaxe. Ce n'est pas suffisant aux yeux des opposants. Avec l'écotaxe, ce serait la première fois qu'un péage est établi en Bretagne du moins depuis l'abolition de tous les péages en France à la Révolution. Plusieurs tentatives de l’État dans le passé, afin d'instaurer des péages de type autoroutier sur les voies express bretonnes, ont toutes abouti à des échecs. Grâce au CELIB, et pour certains au FLB, les Bretons avaient obtenu du général de Gaulle la gratuité du réseau routier au titre du désenclavement. C'est une longue tradition puisque Louis XII dans son contrat de mariage avec Anne de Bretagne, puis François Ier dans son Édit d'Union du royaume au duché, avaient affirmé royalement qu'aucune nouvelle taxe ne serait imposée aux Bretons sans leur consentement.

La Bretagne désavantagée par l’écotaxe

Plusieurs porte-paroles de l'économie bretonne comme Jakez Bernard, président de Produit en Bretagne, et Alain Glon, président de l'Institut de Locarn, ont dénoncé les conséquences dramatiques de l’écotaxe dans le cadre d'une économie agro-alimentaire en pleine crise en Bretagne. La situation péninsulaire de la Bretagne la désavantagerait par rapport à des régions comme l'Île de France. Pour lutter contre cette nouvelle taxe, le Comité de Convergence des Intérêts Bretons (CCIB) a vu le jour en juin dernier. Un nom qui n'est pas sans rappeler le mythique CELIB. Le CCIB avait lancé un appel le 18 juin dernier [ABP30536]. Voir aussi la chronique de Jean-Pierre Le Mat du 21 juin [ABP30562]. Jean Pierre Le Mat dénonce le fait que si l’écotaxe est instaurée pour encourager le ferroutage, la SNCF n'a absolument rien fait pour le développer : " En effet, cette nouvelle taxe est une arnaque. Elle est théoriquement faite pour favoriser le ferroutage, le transport rail-route. Or la SNCF n'a rien fait - et ne fera rien - pour offrir cette possibilité aux Bretons. Les lignes à grande vitesse à l'ouest de Nantes et de Rennes sont reportées au-delà de 2030, ce qui veut dire qu'elles ne seront jamais réalisées. Pire, la SNCF a essayé de couler la seule compagnie ferroviaire bretonne, CombiWest. La Bretagne, qui vit sur une économie très territoriale, n'a pas d'autre choix que le camion. L'écotaxe sera un prélèvement fait sur les Bretons, qui n'ont pas d'alternative, et dépensé hors de Bretagne ". avait déclaré Jean Pierre Le Mat, lui-même signataire de l'appel du 18 juin. Philippe Argouarch