Dans son nouveau roman La langue des morts, Yvon Ollivier plonge le lecteur au cœur d'un monde mythique où la lutte pour la survie d'un peuple devient celle de la mémoire et de la langue. À travers la voix d'Abban, le jeune héros de la forêt, l'auteur livre une allégorie puissante sur la disparition des langues et la résistance des peuples enracinés.
Résumé
La langue des morts est une épopée symbolique et poétique qui transporte le lecteur dans un monde mythique où s'affrontent plusieurs peuples : ceux d'ici (le peuple de la forêt), ceux de la Montagne des Pleurs, ceux d'ailleurs et ceux qui sont partout.Le narrateur, Abban, jeune homme du peuple de la forêt, raconte son initiation, sa révolte et son combat pour préserver l'âme de son peuple et la langue qui lui donne vie — la "langue des morts", héritée de ses ancêtres et menacée d'oubli.
Dans un univers foisonnant d'arbres géants, de créatures fabuleuses et de rites sacrés, Yvon Ollivier déploie une fable puissante sur la résistance culturelle, la transmission, et la mémoire collective. À travers la fiction, il interroge la domination des "ceux qui sont partout" — une métaphore transparente du monde moderne uniformisé — sur les peuples enracinés, porteurs d'une vision du monde plus spirituelle et respectueuse de la nature.
L'apprentissage d'Abban, la lutte pour sauver la forêt et la redécouverte de la langue sacrée deviennent les symboles d'une renaissance intérieure et collective. Tout au long du récit, la forêt devient personnage, refuge et mémoire vivante — une allégorie de la Bretagne éternelle, blessée mais indestructible.
Revue critique
Avec La langue des morts, Yvon Ollivier signe une œuvre à la fois philosophique et politique, mythique et militante.Sous l'apparence d'un roman de fantasy à la Tolkien, c'est bien une allégorie de la Bretagne que l'auteur tisse, nourrie de son imaginaire, de sa colère et de son amour pour sa terre.
Son style, ample et archaïque, rappelle les grandes légendes celtiques tout en servant un propos d'une brûlante actualité : la disparition des langues, la standardisation des cultures, la perte du sens.Le roman nous parle de l'âme des peuples que l'on tente de "civiliser" au prix de leur mémoire. Il fait écho à la situation du breton, cette "langue des morts" que l'on veut encore faire taire — mais qui parle toujours, à qui veut l'entendre.
" Nous parlons aux morts parce que ce sont eux qui nous tiennent debout. Ils nous ont légué leur langue pour que jamais nous ne soyons seuls dans la forêt. Tant que nous la parlons, Rhana nous écoute. Le jour où plus aucun d'entre nous ne saura dire un mot dans la langue des morts, la forêt s'éteindra, et avec elle, tout ce que nous avons été. "
L'écriture d' Yvon Ollivier, à la fois sensorielle et incantatoire, possède la force des mythes fondateurs. Derrière les dragons, les dieux et les arbres sacrés, c'est la quête d'un peuple pour sa dignité et son droit à la différence que l'on lit.Un roman initiatique, poétique et profondément breton, qui pourrait bien devenir un texte de référence pour tous ceux qui refusent de voir mourir leur langue et leur monde.
Note biographique sur l'auteur
Yvon Ollivier est essayiste, romancier et juriste. Ancien magistrat, il s'est imposé depuis une dizaine d'années comme l'une des voix les plus fortes du renouveau breton.Auteur de plusieurs ouvrages marquants — dont La désunion française (2012), L'urgence bretonne (2014), "La France comme si" , "Lettre à ceux qui ont renoncé à la bretagne" et plusieurs romans — il explore dans ses écrits les fractures identitaires, la mémoire collective et la quête de liberté.
Engagé dans la défense de la langue bretonne et de la souveraineté culturelle de la Bretagne, Yvon Ollivier place la littérature au service de la reconquête spirituelle d'un peuple.La langue des morts s'inscrit dans cette démarche : un chant d'amour pour la Bretagne, un cri contre l'effacement, et une invitation à reparler la langue des anciens pour que les morts continuent à vivre à travers nous.
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