
Cet article est une suggestion de l'historien vendéen Christian Masson, un expert de l'Espagne où il est allé une quarantaine de fois et a beaucoup lu sur le sujet. J'ai fait les recherches et demandé à ChatGPT de les structurer.
L’histoire du royaume de Navarre et du duché de Bretagne présente des similitudes frappantes. Tous deux furent des États souverains pendant des siècles, dotés de cultures et de langues propres, avant d’être absorbés par des puissances voisines expansionnistes : la Navarre par la Castille (puis l’Espagne) et la Bretagne par la France. Leur disparition ne fut pas immédiate, mais le résultat de luttes militaires, de stratégies matrimoniales forcées et de manœuvres politiques habiles de leurs conquérants.
Une indépendance précoce et une position stratégique
Ces deux territoires émergèrent comme entités politiques indépendantes dès le Haut Moyen Âge.
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La Navarre : À l’origine, elle faisait partie du duché de Vasconie, né après la chute de l’Empire romain. En 824, elle devient un royaume sous le nom de royaume de Pampelune, dominé par la langue et la culture basques. Eneko Arista, premier roi basque, initie une dynastie qui règnera jusqu’en 1234.
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La Bretagne : Dès le Ve siècle, les Bretons établissent trois petits royaumes en Armorique : la Domnonée, la Cornouaille et le Broërec. En 845, Nominoë, le premier souverain d'une Bretagne unifiée et indépendante, bat les Francs et se proclame roi de Bretagne (1). Le breton y est alors la langue dominante. Des dynasties bretonnes règnent sur le royaume qui devient duché en 938 jusqu'à l'arrivée des Plantagenets de 1166 à 1203, puis d'une dysnastie capétienne de 1221 à 1341. Les Plantagenets comme les Capétiens essayeront de s'emparer de la Bretagne. Le duché est convoité par ses deux puissants voisins.
Ces deux États occupaient des positions géographiques clés : située entre la France et la péninsule ibérique, la Navarre contrôlait un passage clé des routes commerciales et militaires. La Bretagne, quant à elle, verrouillait l’accès à la Manche et à l’Atlantique, un enjeu stratégique majeur dans les conflits entre le royaume de France et l’Angleterre. Les ports bretons prennent aussi une importance considérable après la découverte de l'Amérique en 1492. Cette même année marque la fin de la Reconquista et la création de l’Espagne moderne.
Les premières résistances face aux empires voisins
Les Francs tentèrent d’intégrer ces territoires à leur empire dès le VIIIe siècle.
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Navarre (778) : Charlemagne tente de soumettre la Vasconie. Il créé la Marche d'Espagne, mais l'arrière garde son armée est écrasée par les Basques lors de la bataille de Roncevaux. Parmi les morts figure Roland, préfet de la Marche de Bretagne.
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Bretagne (786 etc, 811) : Charlemagne mène plusieurs campagnes en Bretagne, mais échoue à l’annexer. Une zone frontière appelée "Marche de Bretagne " est créée.
Malgré ces succès initiaux, Navarre et Bretagne restent fragiles face aux ambitions de leurs puissants voisins.
Des querelles dynastiques exploitées par les grandes puissances
Dès le XVe siècle, les deux États connaissent des crises successorales qui précipitent leur chute.
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Navarre (1451-1461) : En 1425, Charles III de Navarre meurt sans héritier mâle. Sa fille, Blanche Ière, épouse Jean d’Aragon, avec une clause stipulant que leur fils hériterait du royaume tout en maintenant son indépendance. Mais après la mort de Blanche en 1441, Jean refuse de céder le trône à leur fils, s’accaparant la Navarre et déclenchant une guerre civile. En 1512, Ferdinand II d’Aragon envahit la Haute-Navarre (partie sud), qui est définitivement annexée à l’Espagne en 1516. La Basse-Navarre (au nord des Pyrénées) demeure sous contrôle de la maison d’Albret. En 1589, lorsque Henri III de Navarre devient Henri IV, Roi de France et de Navarre, elle est rattachée à la couronne de France.
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Bretagne (1491-1514) : En 1491, les armées françaises de la fille de Louis XI, Anne de Beaujeu, régente du royaume, envahissent la Bretagne et battent l'armée ducale à Saint-Aubin-du-Cormier. . Pour éviter l’annexion par la France, Anne de Bretagne, héritière du duché, épouse Charles VIII en 1499, puis Louis XII. Son duché devait revenir à sa deuxième fille, Renée, selon le contrat de mariage avec Louis XII, mais il est finalement transmis à Claude, qui épouse François Ier en 1514, facilitant ainsi l’intégration du duché au royaume de France.
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L’union dynastique avec la France devient officielle en 1532, avec l’Édit d’union, qui transforme le duché en province française.
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Dans les deux cas, les mariages forcés et les traités de succession bafoués aboutissent à l’affaiblissement progressif des souverainetés locales et à des invasions suivies d'annexions.
L’intégration à des royaumes centralisés
Malgré leur intégration à la France et à l'Espagne, ces territoires continuent de revendiquer leur spécificité.
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En Navarre, les souverains en exil tentent de récupérer le royaume. Toutefois, en 1620, la Basse-Navarre est définitivement fusionnée au royaume de France sous Louis XIII. Ses institutions ou fueros sont abolies par la révolution.
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En Bretagne, des révoltes comme celle des Bonnets Rouges (1675) montrent un rejet du pouvoir central. Cependant, en 1790, la Révolution française abolit définitivement les États de Bretagne (le Parlement) et les derniers vestiges de l’autonomie bretonne. La haute Navarre fait aussi brièvement partie de la France de la révolution et ses institutions propres sont aussi abolies.
Un héritage contrasté : entre autonomie et fragmentation
Aujourd’hui, les héritages de la Navarre et de la Bretagne divergent considérablement.
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Navarre et Pays basque : Le royaume de Navarre est aujourd’hui divisé en trois parties : les régions autonomes espagnoles de Navarre et du Pays basque, et une partie intégrée au département français des Pyrénées-Atlantiques. Ces deux régions espagnoles bénéficient d’une large autonomie fiscale et politique. La Constitution espagnole de 1978 leur permet même d’unir la Navarre au Pays basque si la population le décide. Selon Christian Masson, une majorité des habitants de la Navarre dont beaucoup parlent le basque sont pour la réunification.
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Bretagne : En revanche, la région Bretagne n’a aucune autonomie spécifique. Pire encore, son découpage territorial a exclu la Loire-Atlantique du reste de la Bretagne, sans procédure légale claire permettant sa réunification.
De plus, comme Pampelune, ancienne capitale basque, n’appartient plus administrativement au Pays basque, Nantes, qui fut capitale de la Bretagne, ne fait plus partie de la Bretagne administrative.
Deux peuples, une même tragédie historique
L’histoire de la Navarre et de la Bretagne illustre le sort de nombreux petits États européens confrontés à des puissances expansionnistes. Ces similitudes sont frappantes : néanmoins, l’autonomie basque et navarraise montre qu’une reconnaissance politique est possible. En revanche, la Bretagne reste l’un des seuls territoires européens ayant perdu toute forme de reconnaissance politique et institutionnelle. Le Conseil régional de Bretagne administrative dispose de pouvoirs et d’un budget très limités.
L’histoire de ces deux nations oubliées pose une question centrale : pourquoi l’Espagne a-t-elle permis une autonomie basque, tandis que la France refuse toujours toute forme de statut spécial à la Bretagne ? Cette divergence trouve son origine dans des conceptions opposées de l’État : là où l’Espagne, née d’un assemblage de royaumes, reconnaît la diversité interne, la France a imposé un modèle jacobin d’unité nationale stricte. Cette opposition perdure encore aujourd’hui, impactant l’identité et les aspirations politiques des Bretons. Alors que la Corse semble en voie d’obtenir un statut d’autonomie, il serait incompréhensible et injuste que la Bretagne en soit exclue.
Notes
(1) Selon le chroniqueur franc Réginon de Prüm
Commentaires (18)
D’abord , elle est gouvernée par UPN un parti beaucoup plus proche du PP espagnol que du PNV basque. Les navarrais se sentent majoritairement plus espagnols que basques.
Le PNV véritable défenseur du pays basque y est minoritaire. La gauche basque progresse mais reste également minoritaire.
Quand à penser que Madrid serait plus généreux que Paris envers ses minorités c’est se mettre le doigt dans l’œil.
C’est grâce aux catalans et aux basques qu’il y a un minimum d’autonomie. Mais ces 2 peuples ne sont pas majoritairement acceptés ,respectés dans le reste de l’Espagne.
N’oubliez pas que Madrid copie systématiquement Paris.
Il y a donc là un paradoxe absolu et incroyable, lorsque en tant que Bretons , militants de surcroît, que l'on continue de perpétuer un "rituel" biaisé et ânonné comme démocratique, c’est-à-dire d’apporter nos votes , la corde pour nous pendre, à ces assistants des exécuteurs parisiens !
Ce qui nous conduit, élection après élections à une dissolution finale, dans l’Histoire.
Allons donc jusqu'au bout de ce qui serait d'une logique désarmante! Désarmante, surtout pour ces élus pollués !
Logique qui serait, devrait être celle des « électeurs » ré-éveillés, à fin de vider ces réservoirs empoisonnés que sont ces partis actuels ; et de ne plus fabriquer de forces négatives pour la BRETAGNE et les BRETONS, donc évidemment ne plus en et rajouter en permanence de ces éléments en mesure de plus nous nuire « ad viternam ». Assécher les parterres d'élus délétères, jusqu’à trouver un jour de plus en plus de ceux qui auraient encore la fibre suffisamment bretonne pour changer le cours des choses !
Pour arriver à cela en s'engageant, dès maintenant, dans des campagnes de rejet de ces systèmes électoraux et pseudos représentants illusoires mis en place par des peuples naïfs, lobotomisés ! Par la grève, le boycotte des élections, en faire un parti ( mais new model ) le plus fort possible, le plus tôt possible, qui par ses propositions pour la BRETAGNE, négociera ses voix libres les plus nombreuses possible! Ce serait enfin quelque chose d’un peu concret…
La décision appartient à l'Assemblée nationale (ou via un référendum national sur la carte des régions, un référendum indivisible). C'est au Conseil départemental de la Loire-Atlantique de faire une demande de changement de région. Une vraie demande, pas un vœu destiné à faire croire que ledit conseil ne peut pas faire de demande. Ce Conseil départemental est également compétent pour consulter ses électeurs au sujet de cette demande de changement qu'il peut faire. Le Gouvernement ne peut pas se substituer au Conseil départemental pour organiser le vote des électeurs de la Loire-Atlantique, à moins de revenir sur les lois de décentralisation de 2004. Tout le monde (ou presque) accorde du crédit au mythe du vrai référendum local organisable par l'Etat et ainsi assure une paix royale au Conseil départemental de la Loire-Atlantique. Le Conseil régional B4 pourrait aussi relancer l'affaire en faisant une demande à l'Etat, mais lui aussi ne pratique que des vœux.
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C’’est avec de telles cartes, discrètement frelatées mais largement répandues dans les livres et les magazines, que l’on arrange l’Histoire à sa façon, ou qu’on l’idéologise, et que l’on fabrique du « roman national», version « hexagonale ».
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En sortirons-nous un jour ? Tout semble possible, surtout lorsque l’on voit ce qui se passe sur le flanc Est de l’Europe. Les guerres sont passées par là, lacérant la Bretagne au fil de son Histoire, jusqu’à 1945. On peut rêver de paix et d’autonomie, de reconnaissance des peuples et des territoires. Ou y aspirer. C’est la version idéale, politiquement et géo-stratégiquement mature, conforme à une démocratie avancée. Le contraire d’une annexion qui fut cinglante et sanglante. Mais l’Histoire n’est pas idéale. Que nous réserve l’avenir ?
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Il reste que la géographie dessine toujours une péninsule armoricaine – « tra ma vo ar mor ‘vel mur ‘n he zro » (Bro-Gozh) - . Le trait de côte reste intangible, ou presque, car la montée inexorable du niveau marin renforcera notablement, avant la fin du XXI siècle, la singularité, quasi-unique sur la planète, de ce territoire. Raison de plus pour envisager une autonomie, afin de regarder et organiser la péninsule en tant que telle. Y compris dans sa dimension bretonne.
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Breizh, he yezh, he emrenerezh, ha kalz traoù all ouzhpenn. Setu un dazont...
"De même qu'un tigre dompté qui, dans sa cage, ne prend pas la viande qu'on lui met sous la gueule et qui saute par dessus un bâton lorsqu'on le lui ordonne, agit ainsi parce qu'il se souvient de la barre de fer rougi, où du jeûne dont on a châtié sa désobéissance, de même " - les Russes et tant d'autres, Basques et Gascons, les Bretons aussi, etc - "se soumettent à ce qui est contraire à leur intérêt et à ce qu'ils regardent comme injuste, se souviennent de ce ce qu'ils ont souffert lorsqu'ils ont voulu résister."
(in :"Inutilité de la violence", 1893 - PBP - Payot, n°: 1196, p.97)
AV
N'oublions jamais que la Bretagne fut un royaume, et que le Duché n'est que la féodalisation/fossilisation d'une Nation au sein du Royaume de France. J'avoue être toujours perplexe sur cette nostalgie de la Bretagne capétienne. C'est sans doute lié à la revendication par rapport à Nantes, mais nous donnons là, d'emblée, le bâton pour se faire battre (et disparaitre). Qui va réclamer le retour du Comte de Foix, de l'Armagnac ?
Dans cette citation, TOLSTOÏ ne parle pas des Bretons ni des Baltes mais seulement des Russes.
J'ai simplement interrompu sa phrase avec les guillemets indispensables pour introduire des exemples de peuples opprimés dont l'expérience terrifiante pouvait correspondre à celle du tigre dompté.
AV
- Montre clairement que les Pays de la Loire qui réunissent administrativement et pas autrement : Vendée (partie du Poitou), Anjou, Maine, Loire Atlantique (évêché de Nantes partie de la Bretagne), - j'espère n'oublier personne -, sont artificiels.
- Suggère les indispensables regroupements volontaires devant recréer les provinces indispensables aux Autonomies que la France devra inéluctablement instituer le plus tôt possible étant le mieux, si elle veut s'en sortir.
Mais "l'histoire est tragique". Nul n'est tenu de se donner les moyens d'être heureux surtout s'ils sont connus et accessibles !
AV