Le mathématicien Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields en 2010 (le prix Nobel des maths), s'installe à Rennes pour l'année universitaire 2025-2026 et publie Leçons de mathématique joyeuse aux éditions du Cherche Midi, un plaidoyer accessible et enthousiaste pour les mathématiques.
Le mathématicien Cédric Villani, lauréat de la médaille Fields en 2010 — distinction souvent présentée comme le " prix Nobel des mathématiques " — s'est installé à Rennes. Il rejoint la Faculté des sciences, où il proposera notamment un cours du parcours de master "mathématiques fondamentales " intitulé Équations aux dérivées partielles (EDP) cinétiques. Une arrivée qui promet de dynamiser autant la vie universitaire que la médiation scientifique locale.
Un plaidoyer pour des mathématiques vivantes
Cette installation coïncide avec la parution de son nouveau livre, Leçons de mathématique joyeuse, à paraître le 6 novembre aux éditions du Cherche Midi. L'ouvrage assume une ambition simple : rendre perceptible au plus grand nombre ce qui fait la singularité des mathématiques — leur puissance d'explication, leur beauté formelle et leur fécondité culturelle. Villani revendique d'entrée une science pleinement incarnée : "La science n'est pas un beau diamant bien taillé, lisse et stérile ; c'est un monumental jardin chaotique, plein de fleurs colorées… "
Les Leçons alternent récits, détours historiques, démonstrations "à hauteur d'humain" et scènes de la vie scientifique. On y croise Pythagore, Euclide, Poincaré, Nash, mais aussi des situations très concrètes — l'aérodynamique d'une aile, la météo, la simulation numérique — pour montrer comment les idées passent du tableau noir au monde réel. L'objectif : éveiller le goût de chercher, donner envie de lire une preuve comme on lirait un poème ou un plan d'architecte.
" Je voulais que tout le monde pût en tirer profit sans forcément tout comprendre — on n'attend pas des poètes qu'ils expliquent tous leurs vers, pourquoi l'exigerait-on d'un mathématicien ? "
À Rennes, l'art de la preuve et du modèle
Le cours rennais pour 2025-2026 en EDP cinétiques s'inscrit au croisement de l'analyse et de la physique mathématique : équations de transport, stabilité, phénomènes collectifs dans les gaz et plasmas… L'enjeu dépasse la technicité : il s'agit de former à un certain rythme de pensée — poser un cadre, modéliser, vérifier, corriger — puis démontrer. Villani aime rappeler que les mathématiques offrent un pouvoir rare à l'étudiant : pouvoir tout vérifier par soi-même.
Au-delà de l'amphi, sa présence devrait s'accompagner de rencontres, conférences et dialogues avec d'autres disciplines. Car l'un de ses fils rouges tient dans la circulation des idées et la transversalité : des chauves-souris aux équations d'Euler et de Navier–Stokes, de l'histoire des sciences aux défis numériques contemporains, les mathématiques deviennent un langage commun pour comprendre, prévoir et créer.
Un livre pour " ouvrir des portes "
Leçons de mathématique joyeuse vise un public large : lycéen·ne·s curieux·ses, étudiants des premières années, autodidactes, enseignants en quête d'exemples parlants — et, plus largement, toutes celles et ceux qui aiment qu'on leur raconte la science sans jargon inutile. Ce n'est ni un cours complet, ni une stricte histoire des sciences, ni un récit autobiographique : plutôt une traversée où science, culture et poésie se croisent et se fécondent.
La méthode Villani est constante : partant d'un objet familier — un vol de chauve-souris, un angle droit " 3-4-5 ", une image de synthèse — il déroule le fil qui mène aux notions d'EDP, puis revient aux usages : modéliser un écoulement, optimiser une coque de navire, prévoir le temps, animer un personnage de cinéma. À chaque étape, l'intuition ouvre la porte, la démonstration confirme le passage.
Pourquoi cela compte ici en Bretagne
L'écosystème scientifique breton — mer et navigation (une tradition mathématique ancienne), constructions navales (y compris pour les grandes courses au large), biologie et énergies marines, sans oublier la cyberdéfense à Rennes — gagnera à cette pédagogie de la passerelle. La présence d'un enseignant-chercheur rompu à la médiation peut stimuler les vocations, rapprocher laboratoires et grand public, et nourrir des projets à l'interface des disciplines. Loin d'un entre-soi académique, Villani défend l'idée que les mathématiques forment un art du raisonnement : apprendre à formuler un problème, le simplifier sans l'appauvrir, accepter l'erreur féconde, viser la clarté.
Cédric Villani est mathématicien, lauréat de la médaille Fields en 2010. Professeur des universités et membre de l’Académie des sciences, il a dirigé l’Institut Henri-Poincaré et s’est imposé comme l’une des voix majeures de la vulgarisation scientifique, en France comme à l’international. Auteur de plusieurs ouvrages de médiation scientifique, il poursuit le même objectif : partager « la joie de trouver », ce moment où, après tâtonnements et hypothèses, la solution s’éclaire.
Député de 2017 à 2022, d’abord macroniste, il prend ses distances avec LREM avant de rallier Génération Écologie. Battu aux législatives de 2022, il s’est depuis tenu à l’écart de la vie politique.
La Bretagne n’est pas une simple étape dans sa carrière universitaire : installé avec sa famille dans la campagne du Morbihan, il cultive ses légumes — de la terre aux mains plutôt que de la craie — il contemple des horizons, des ciels et des paysages sublimes plutôt que des tableaux noirs. La Bretagne répond aussi au besoin de l’homo connecticus : un équilibre pour qui veut garder les pieds sur terre tout en gardant la tête dans les étoiles… et dans les algorithmes mathématiques.
Commentaires (1)
Je ne vois pas bien ce qu'il pourrait sortir de positif en terme d'émancipation politique, culturelle, mentale même de tout cela. Sans parler même du risque tout simplement pour la vie ou la santé des habitants, du développement économique (les grands ports militaires deviennent jamais des hubs commerciaux...cf Toulon, Brest, et j'en passe).
L'intérêt de cet article sur ce site est des plus obscurs...nous en saurions surement bien plus dans le Ouest-France qui d'ailleurs n'a pas du manquer de faire déjà plusieurs articles sur ce "people" de la politique bleu-blanc-rouge. Si au moins nous avions la raison vraie de la venue de ce conseiller municipal de Paris 14ème pendant 1 an ?