
Avec cette décision du tribunal de Lorient, la Bretagne obtient un nouveau précédent en faveur de la reconnaissance de ses spécificités linguistiques. Une avancée symbolique pour la langue bretonne et ses défenseurs.
Lorient, 24 février 2025 – Fañch, un petit Lorientais âgé de 20 mois, pourra finalement conserver son prénom avec la lettre "ñ" (n tilde). Le tribunal de Lorient a rendu sa décision ce lundi 24 février, validant ainsi le choix des parents.
Rapporté par le journal Le Télégramme : « Mes clients sont extrêmement satisfaits », a déclaré Me Iannis Alvarez, avocat de la famille, à la réception du jugement.
Ce signe diacritique, pourtant courant dans l’alphabet breton, ne figure pas dans l’alphabet français. Selon une circulaire du ministère de l’Intérieur, il ne devrait donc pas être autorisé par l’état civil. Dans ce cas précis, le prénom Fañch avait d'abord été validé par le maire de Lorient avant d’être retoqué trois mois plus tard par le procureur de la République. Déterminés à conserver ce prénom donné en hommage à un aïeul, les parents avaient décidé de porter l’affaire devant la justice.
Des précédents marquants dans l’histoire des prénoms bretons
Ce n’est pas la première fois que le prénom Fañch fait l’objet d’une bataille judiciaire. En 2017, un autre enfant prénommé Fañch, né à Quimper, avait vu son prénom contesté pour les mêmes raisons. Après plusieurs décisions contradictoires, la Cour de Cassation avait finalement tranché le 17 octobre 2019, en rejetant le pourvoi qui demandait l’annulation du tilde. Cette décision avait alors été saluée comme une avancée importante dans la reconnaissance des prénoms bretons.
Mais bien avant ces affaires récentes, le combat de Jean-Jacques et Mireille Le Goarnig dans les années 1960 avait marqué un tournant. À cette époque, il était interdit de donner un prénom breton à son enfant. Les Le Goarnig avaient dû mener un long bras de fer juridique pour obtenir le droit de prénommer leurs enfants avec des prénoms bretons. Leur victoire a ouvert la voie à la reconnaissance progressive des prénoms bretons dans l’état civil français.
Un combat symbolique pour la langue bretonne
Ce nouvel épisode judiciaire souligne une fois de plus les difficultés auxquelles sont confrontés les parents bretons souhaitant donner à leurs enfants des prénoms conformes à la langue bretonne. La lettre "ñ", tout comme le "c’h", fait pleinement partie de l’alphabet breton, mais son absence dans l’alphabet français continue de poser problème dans les démarches administratives.
Avec cette décision du tribunal de Lorient, la Bretagne obtient un nouveau précédent en faveur de la reconnaissance de ses spécificités linguistiques. Une avancée symbolique pour la langue bretonne et ses défenseurs.
Commentaires (9)
Donc le ñ appartient bien à l'alphabet français (ou plutôt à sa liste de signes diacritiques).
Si le ä et le ö figurent dans la circulaire, il n'y a aucune raison que le ñ n'y soit pas.
Inutile de demander à changer la Constitution : seulement la circulaire.
Comment fait-il pour écrire son nom avec l'informatique de la République ?
Que jusqu'à la Cour de Cassation qui n'a certainement rien de plus urgent à faire, l'on se demande gravement si "les signes diacritiques" sont ou non acceptables dans l'usage bureaucratico-administratif de l'État est lamentable. Heureusement qu'elle applique les Traités qui sont toujours supérieurs aux lois.
Pour le pays, quelle perte de temps, d'argent et d'énergie à s'intéresser à de pareils sujets !
AV
Bel exemple de pensée parisienne !
Je trouve qu'il y a une recrudescence ces dernières années. Beaucoup vous parleront de la montée de RN, mais pour moi l'actuel pouvoir très néo-colonialiste (en particulier avec les DOM-COM) n'y est pas étranger.
La véritable erreur cependant réside dans la rédaction incomplète de la circulaire du ministère de la Justice.