🐋 Quand les étoiles dessinent un cachalot !
Gravure du „cachalot“ sur le Grand Menhir Brisé, Locmariaquer (Croquis tiré de Cassen/Tinevez, modifié par Stephan Maeder)
À gauche, une dalle gravée évoquant la silhouette stylisée d’un cachalot. À droite, une carte du ciel reconstituée avec le logiciel Stellarium, représentant le ciel circumpolaire tel qu’il était visible vers 4300 avant notre ère depuis la Bretagne. Certaines lignes d’étoiles y dessinent une forme étonnamment proche de la gravure, suggérant une possible correspondance entre art mégalithique et astronomie.
🐋 Quand les étoiles dessinent un cachalot ! Gravure du „cachalot“ sur le Grand Menhir Brisé, Locmariaquer (Croquis tiré de Cassen/Tinevez, modifié par Stephan Maeder) À gauche, une dalle gravée évoquant la silhouette stylisée d’un cachalot. À droite, une carte du ciel reconstituée avec le logiciel Stellarium, représentant le ciel circumpolaire tel qu’il était visible vers 4300 avant notre ère depuis la Bretagne. Certaines lignes d’étoiles y dessinent une forme étonnamment proche de la gravure, suggérant une possible correspondance entre art mégalithique et astronomie.
Interviews de Mickaël Gendry et du Dr. Stefan Maeder

Réalisation : ABP – 5215 vues

Mickaël Gendry, auteur de Dolmens et menhirs, signes gravés en Bretagne, et le Dr. Stefan Maeder, archéologue allemand, dévoilent leurs découvertes sur le lien entre les gravures mégalithiques bretonnes et l’astronomie. Et si les cachalots gravés sur les menhirs représentaient en réalité la constellation polaire ? Une plongée fascinante entre symboles funéraires, mythologie céleste et navigation préhistorique.

Du 4 au 7 juillet 2025, le festival Paysages de Pontivy a exploré les relations profondes entre les paysages bretons et le patrimoine mégalithique. Deux invités ont marqué cette édition : l’écrivain Mickaël Gendry et l’archéologue Stefan Maeder. Ils proposent une lecture symbolique et céleste des gravures du néolithique.

Des paysages et des pierres

Du 4 au 7 juillet 2025, le festival Paysages de Pontivy a exploré les relations profondes entre les paysages bretons et le patrimoine mégalithique. Plusieurs invités ont marqué cette édition : l’écrivain Mickaël Gendry et l’archéologue le Dr. Stefan Maeder. Ils proposent une lecture symbolique et céleste des gravures du néolithique. Voir aussi l'inventaire de Jacky Meslin paru dans son livre Mégalithes de Bretagne, secrets d'une civilisation disparue.

Des signes gravés et une cosmogonie oubliée

<b>Comprendre la précession des équinoxes</b>
La précession des équinoxes (et non « procession » !) est un phénomène astronomique qui désigne le lent mouvement de giration de l’axe de rotation de la Terre, comparable à celui d’une toupie. Sous l’effet de l’attraction gravitationnelle combinée du Soleil et de la Lune, l’axe terrestre décrit un cône très lent autour de la verticale du plan de l’écliptique. Ce mouvement forme un cercle complet environ tous les 25 800 ans.

Cela signifie que le pôle nord céleste (la direction que pointe l’axe de la Terre dans le ciel) change de position au fil des millénaires, modifiant la configuration du ciel nocturne et le point de lever des constellations à l’horizon. Ainsi, les étoiles « polaires » ne sont pas toujours les mêmes selon l’époque. Il y a 5 000 ans, c’était Thuban (dans la constellation du Dragon), et dans 12 000 ans ce sera Véga (Lyre).

Dans le contexte de l’étude des mégalithes, la précession est essentielle pour interpréter les orientations célestes anciennes. Un monument mégalithique pointant aujourd’hui vers une direction donnée pouvait viser une étoile différente à l’époque de sa construction. C’est ce que montrent les recherches comme celles du Dr. Stefan Maeder, notamment grâce à des reconstitutions du ciel avec des logiciels comme Stellarium, en remontant jusqu’en 4500 av. J.-C. et au-delà. (dessin de l'astroclub Andromède)<b>Comprendre la précession des équinoxes</b> La précession des équinoxes (et non « procession » !) est un phénomène astronomique qui désigne le lent mouvement de giration de l’axe de rotation de la Terre, comparable à celui d’une toupie. Sous l’effet de l’attraction gravitationnelle combinée du Soleil et de la Lune, l’axe terrestre décrit un cône très lent autour de la verticale du plan de l’écliptique. Ce mouvement forme un cercle complet environ tous les 25 800 ans. Cela signifie que le pôle nord céleste (la direction que pointe l’axe de la Terre dans le ciel) change de position au fil des millénaires, modifiant la configuration du ciel nocturne et le point de lever des constellations à l’horizon. Ainsi, les étoiles « polaires » ne sont pas toujours les mêmes selon l’époque. Il y a 5 000 ans, c’était Thuban (dans la constellation du Dragon), et dans 12 000 ans ce sera Véga (Lyre). Dans le contexte de l’étude des mégalithes, la précession est essentielle pour interpréter les orientations célestes anciennes. Un monument mégalithique pointant aujourd’hui vers une direction donnée pouvait viser une étoile différente à l’époque de sa construction. C’est ce que montrent les recherches comme celles du Dr. Stefan Maeder, notamment grâce à des reconstitutions du ciel avec des logiciels comme Stellarium, en remontant jusqu’en 4500 av. J.-C. et au-delà. (dessin de l'astroclub Andromède)

Dans son livre Dolmens et menhirs, signes gravés en Bretagne, Mickaël Gendry suggère que ces signes ne sont pas de simples motifs décoratifs ou pratiques. Ils relèveraient d’une cosmogonie structurée, d’une projection de l’au-delà. La crosse, le cachalot ou encore les barques seraient autant de symboles, à la fois terrestres, marins et célestes, pouvant s’interpréter à plusieurs niveaux.

La constellation circumpolaire du cachalot

Stefan Maeder, quant à lui, a identifié des correspondances entre ces symboles et les constellations visibles autour du pôle nord céleste vers 4600 avant notre ère. En particulier, il démontre que les figures gravées de cachalots pourraient représenter la grande ourse pointant vers l'étoile polaire, utilisée pour la navigation par une civilisation maritime s’étendant de la péninsule ibérique à la Scandinavie.

Mémoire des morts et transmission

Les deux chercheurs évoquent également la fonction funéraire des tumulus : lieux de mémoire, mais aussi de lien vivant avec les ancêtres. Ces pratiques pourraient expliquer la présence de ces signes gravés, véritables clefs d’une mythologie encore à déchiffrer. Ce qui est certain c'est que ces tombes collectives dans les tumumus faisaient partie de la vie quotidienne des peuples du néolithique. Les ancêtres étaient vénérés, on les visitait. Bien avant l'arrivée des Celtes, ces peuples croyaient dans un au-delà. Les représentations de barques, comme pour les anciens égyptiens et autres civilisations de l'antiquité, signifierait ce passage vers cet autre monde dont la porte aurait été ce nord immuable dans leur ciel.

Entre reconnaissance et vigilance

Enfin, ils s’interrogent sur l’impact possible de l’inscription prochaine des mégalithes du Morbihan au patrimoine mondial de l’UNESCO. Si la reconnaissance est une chance pour la recherche et la transmission, ils s’inquiètent d’un risque de muséification excessive et d’une perte d’accessibilité, voire de sur-tourisme.

Cette interview, réalisée à Pontivy, permet de plonger dans une vision renouvelée de la civilisation mégalithique atlantique, à l’heure où 60 sites à Carnac et autour, touchant 28 communes, s’apprêtent à entrer dans le cercle prestigieux du patrimoine mondial. Pour aller plus loin voir les conférences du dr. Stefan Maeder et  de Mickaël gendry