
Pour la première fois depuis des années, des militants et élus cornouaillais se sont rassemblés à Truro pour réclamer un Parlement dévolu. Une revendication ancienne qui refait surface alors que Westminster discute d'un projet de loi sur la dévolution en Angleterre.
Truro (Cornouailles), 14 septembre 2025 — Environ une centaine de personnes se sont rassemblées samedi sur Lemon Quay, au cœur de Truro, pour réclamer un Parlement dévolu aux Cornouailles, alors que le projet de loi sur la dévolution en Angleterre poursuit son chemin à Westminster.
Les manifestants, brandissant de nombreux drapeaux noir et blanc de Saint-Piran, ont dénoncé l'idée que la Cornouailles ne serait qu'un simple " parc de vacances de l'Angleterre ". Plusieurs organisations locales étaient à l'initiative de l'événement dont Kernow Rydh et Cornwall Resists.
Cette mobilisation intervient après que le conseil de Cornouailles ait demandé au gouvernement britannique de reconnaître officiellement le duché comme la " cinquième nation " du Royaume-Uni, aux côtés de l'Angleterre, l'Écosse, le Pays de Galles et l'Irlande du Nord.
" Un meilleur avenir pour les Cornouailles "
Pour de nombreux participants, l'autonomie permettrait de répondre aux problèmes structurels qui frappent la région : pénurie de logements abordables, explosion des résidences secondaires, salaires faibles et fuite des jeunes actifs.
Sam Carmichael, conseiller municipal Mebyon Kernow, a déclaré qu'un Parlement cornouaillais pourrait enfin agir :
" Nous serions en mesure de contrôler des domaines comme l'aménagement du territoire, ou de lever des taxes sur les résidences secondaires, comme le fait déjà le pays de Galles, afin de lutter contre cette crise et de garantir des logements accessibles ici. "
Un manifestant a ajouté :
" Nous voulons hausser le ton, faire en sorte que la Cornouailles et son peuple obtiennent la reconnaissance qu'ils méritent. "
Vers plus de dévolution
De son côté, un porte-parole du ministère britannique du Logement, des Communautés et des Collectivités locales a affirmé qu'un projet de loi vise à " redonner du pouvoir aux communautés " en créant des autorités stratégiques renforcées.
" Notre priorité est de faire en sorte que la Cornouailles bénéficie de cette forme de dévolution ", a-t-il précisé.
Ce projet de loi, intitulé English Devolution and Community Empowerment Bill, est actuellement examiné à Westminster. Il prévoit de transférer davantage de compétences de Londres vers les collectivités locales, par la création de nouvelles " autorités stratégiques ". Celles-ci auraient la main sur des domaines comme la planification du logement, les transports, l'éducation pour adultes ou encore le développement économique.
L'exécutif britannique présente ce texte comme un moyen de " redonner du pouvoir aux communautés ". En Cornouailles, ses partisans estiment qu'il pourrait servir de tremplin vers une autonomie plus large, tandis que ses opposants craignent qu'il ne reste qu'une décentralisation limitée, sans véritable Parlement cornouaillais.
Une revendication ancienne
Les demandes d'autonomie ne datent pas d'hier en Cornouailles. Le parti Mebyon Kernow, fondé en 1951, milite depuis plus de 70 ans pour la création d'une assemblée cornouaillaise disposant de compétences législatives. En 2000, une pétition en faveur d'un Parlement de Cornouailles avait recueilli plus de 50 000 signatures, sans obtenir de suite de la part de Londres.
La reconnaissance officielle du kernewek (le cornique, langue de la Cornouailles) comme langue minoritaire par le Royaume-Uni en 2002, puis l'inscription de la Cornouailles en 2014 dans la Convention-cadre pour la protection des minorités nationales du Conseil de l'Europe, ont toutefois constitué des étapes importantes pour la visibilité culturelle et politique du duché.
Les liens interceltiques qui lient la Bretagne et la Cornouailles sont d’actualité puisque la Cornouailles sera l’invitée d’honneur du Festival Interceltique de Lorient en 2026.
Commentaires (1)
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Il est l’exact inverse du pavillon de l’ancienne Marine bretonne qui consistait en une Croix noire sur fond blanc (et que l’on peut voir dans certaines manifestations contemporaines). Ceci montre bien la proximité géographique, historique et culturelle entre les deux territoires qui se font face d’un côté et de l’autre de la « Mor Breizh » (« Mer de Bretagne », encore appelée « Manche » ou « English Channel »).
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Selon un témoignage recueilli sur place, le Kernewek (« Kerneveureg », en breton) s’appuie également sur le gallois et le breton (par exemple : ancien dictionnaire de Grégoire de Rostrenen) pour élargir le vocabulaire de la langue et l’adapter au monde actuel.
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Ce qui est certain, c’est que lorsque l’on débarque en Cornouaille britannique, l’on peut avoir cette impression assez unique et étrange, de se retrouver à la maison. Notamment avec le nom des rues et des maisons.
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Souezhus a-walc’h eo en em gavout eno evel pa vefer er vro (dre anvioù ar straedoù hag an tier, da skouer). An dra-se ne vez ket kavet neblec’h all.