
Le Trikell et la Croix gammée
Réalisation : TV Breizh – 75618 vues
La chaîne YouTube " Notre Histoire " a mis en ligne un documentaire de TV Breizh diffusé en 2004, intitulé à l'origine Triskell et croix gammée et rebaptisé " Bretagne 1940 : Quand l'indépendance bretonne flirtait avec le nazisme ". En vingt-quatre heures, il a déjà dépassé les 16 000 vues, preuve de l'intérêt intact pour cette page complexe de l'histoire de Bretagne.Publié hier sur Youtube sur la chaîne
La chaîne YouTube « Notre Histoire » a mis en ligne un documentaire de TV Breizh diffusé en 2004, intitulé à l’origine Triskell et croix gammée et rebaptisé « Bretagne 1940 : Quand l’indépendance bretonne flirtait avec le nazisme ». En vingt-quatre heures, il a déjà dépassé les 16 000 vues, preuve de l’intérêt intact pour cette page complexe de l’histoire de Bretagne.
Un film riche en témoignages
Réalisé par un certain Gabriel Martin (dont on sait peu de choses), et produit par les très actifs Gérard Pont et Gérard Lacroix, le documentaire impressionne par la diversité des intervenants et les documents mobilisés : titres de presse, archives filmées, témoignages de survivants de l’époque et analyses d’historiens.
On y entend des témoignages directs, comme celui de Yann Fouéré, figure controversée du nationalisme breton, alors agé de 97 ans, qui déclare à la question « Étiez-vous vichyste ? » :
« Tout le monde l’était. »
Le film recueille aussi les paroles de proches de militants de l’époque : Yves Le Drezen, fils de l’écrivain bretonnant Youenn Drezen, ou encore Lena Louarn, fille du membre du PNB Alan Louarn.
Un équilibre entre rigueur et contextualisation
Si les recherches historiques sur la période ont progressé depuis le début des années 2000, le film reste solide et documenté. Les analyses d’historiens et de chercheurs tels que Jean-Jacques Monnier, Kristian Hamon, Yvon Tranvouez, Michel Denis, Hervé ar Beg, le journaliste Georges Cadiou, ou encore Erwan Tranvouez, ancien secrétaire de Roparz Hemon, apportent un contrepoint nécessaire aux souvenirs parfois subjectifs des acteurs ou témoins.
Le documentaire prend soin, dès son introduction, de rappeler que la collaboration de certains milieux nationalistes bretons doit être replacée dans un contexte bien plus large dans lequel le cas de la Bretagne est minime : les Flamands de Belgique fournirent une brigade SS de plus de 2 000 hommes, les Croates plusieurs divisions engagées jusque sur le front de Stalingrad, tandis que la division Charlemagne compta plus de 7 000 volontaires français. Comparée à ces réalités, la Bretagne n’a pas à rougir de son histoire car elle a fourni près de 30 000 combattants à la Résistance, dont l’action a notamment contribué à bloquer le redéploiement de l’armée allemande en Normandie lors du débarquement de juin 1944. Sans même parler de tous ceux qui ont rallié le Général de Gaulle dès juin 40 à bord de leur bateau de pêche. Certains même ont rejoint l'armée brittanique formant une grande partie du fameux commando Kieffer qui débarqua en Normandie.
Un PNB divisé
Le film montre bien les luttes internes du PNB : d'un côté on a un Olier Mordrel qui adhère à l’idéologie nazie, de l'autre ceux qui voient la collaboration comme une opportunité pour avancer vers une Bretagne indépendante dans une Europe redessinée par l’Allemagne. Il y aussi ceux qui voient dans l'occupation une opportunité de faire progresser la cause bretonne, à l’image de Roparz Hemon. Oui, il y eut l’ouverture d’une première radio en breton à Rennes, et l’enseignement de l’Histoire de Bretagne fut autorisé dans les lycées par le régime de Vichy. Il ne l'est toujours pas aujourd'hui.
Les militants de la Bezenn Perrot, qui revêtirent l’uniforme allemand et servirent d’auxiliaires à la Gestapo, ne furent qu’une cinquantaine. Le film a aussi le mérite, grâce notamment aux recherches de Jean-Jacques Monnier, de rappeler qu’une partie du PNB s’est ralliée à la Résistance et a pris part aux combats pour la libération de la poche de Saint-Nazaire.
La voix des résistants
Le documentaire se conclut par le témoignage de Désiré Camus, ancien résistant et auteur de On nous appelait terroristes. Son regard, empreint de recul et d’amertume, résume bien l’enjeu historique :
« Ils (Les Breiz Atao) ont manqué une occasion formidable : s’ils étaient venus nous voir, la prise de conscience de notre identité aurait été accélérée. Au contraire, leurs choix ont fait reculer cette prise de conscience de plusieurs décennies. »
Un document qui vaut toujours le détour
Plus de vingt ans après sa diffusion, Triskell et croix gammée reste une pièce précieuse pour qui s’intéresse à l’histoire de la Bretagne durant la Seconde Guerre mondiale. Par la richesse de ses témoignages et la variété de ses analyses, il permet de mieux comprendre les ambiguïtés d’une époque, loin des simplifications hâtives.
Un documentaire à redécouvrir, à la fois comme mémoire filmée et comme jalon dans l’histoire de la recherche sur le nationalisme breton.
Commentaires (13)
- contre la Réunification ... alors que çà n'a rien à voir.
- Contre les 2 langues de Bretagne parce que les nationalistes bretons avaient saisis la possibilité de reparler breton en Bretagne entre 1940 et 44
- Contre l'orientation politique bretonne : Social-démocrate et démocrate-chrétienne. BZH 3 fois moins facho que la France historique.
N'oublions pas que le Régime de Vichy a fondé l'État français en 1940 donc le problème c'est le nationalisme français qui nous est inculqué à l'école.
Il n'y a pas eu des milliers de bretons qui se sont engagés tôt dans la Résistance ?? Il me semble bien que si. Et alors, eux, ils ne comptent pas dans son raisonnement? On ne retient que les "mauvais" dans la Résistance. Sans surprise, c'était la Résistance française, dont les intérêts de la France avant tout.
La Résistance n'a jamais milité pour les autonomies bretonnes, corses, algériennes, malgaches, guinéennes etc etc c'est la France.
La Résistance, c'était soit défendre la France telle qu'elle était avant peu ou proue avant 1940 (et donc très férocement anti-autonomistes, l'autonomisme était très durement sanctionné) soit défendre l'URSS.
On ne refait pas l'Histoire. Et les autonomistes bretons ont fait ce que faisaient en réalité tous les autonomistes nationalistes de l'époque (défendant les droits culturels et ou politiques de leur pays), tous les mécontents des nouvelles frontières, qu'ils soient ukrainiens, croates, slovaques, tatars, tyroliens du sud, flamands etc etc
Evidemment en Espagne avec Franco c'était différent pour les catalans et basques. L'adage "l'ennemi de mon ennemi est mon ami" est excellent, c'est la réalité historique et cet adage est plus que jamais d'actualité.
Si l'envahisseur/l'ennemi principal de la France à cette époque avait été une Allemagne spartakiste/communiste, nul doute que la couleur et l'idéologie majoritaire du mouvement nationaliste breton aurait été différente !
Et après la seconde Guerre mondiale cela a évolué dans un sens plus positif. Idem pour d'autres minorités/colonisés qui ont vu leurs droits s'amplifier après la seconde guerre mondiale malgré des "collaborations" de mouvements locaux avec des Etats tiers.
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"Oui, il y eut l’ouverture d’une première radio en breton à Rennes".
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Certes, mais une remarque plus pertinente reste à formuler sous forme de questionnement :
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« Pourquoi a t-il fallu attendre 1940 pour qu'une première radio en langue bretonne, dans l'Histoire de la Bretagne voit le jour? Pourquoi cela n’a-t-il pas eu lieu dans la période de l’ «entre-deux-guerres ?».
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« Oui, pourquoi a-t-il fallu attendre une circonstance historique aussi inédite et funeste - l'invasion allemande - pour qu’une telle initiative fut rendue possible ? »
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Si le pouvoir politique en France avait été attentif aux besoins et droits des populations (bref, si la République s’était montrée républicaine), alors l’envahisseur allemand, quelles que fussent ses intentions (il revient aux historiens d’en préciser la teneur) n’aurait été pour rien dans cet épisode, en tout cas il n’en aurait pas eu la primeur.
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Dans l’hypothèse d’une démocratie assumée et vivante, la péninsule, bien avant la guerre de 1939-1945, aurait disposé (sans doute depuis assez longtemps déjà) d’une radio en langue bretonne, aussi largement accessible que le permettaient les moyens techniques de l’époque.
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S’offusquer, ou faire semblant de s’offusquer, des lieux et dates du surgissement de la première radio en langue bretonne, me semble relever de la tartufferie. Au minimum.
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Par ailleurs, en 2004 Yann Fouéré n’était pas centenaire. Vers cette époque, je me souviens avoir vu l’auteur du livre « L'Europe aux cent drapeaux : essai pour servir à la construction de l'Europe », sur un stand au Salon du livre de Carhaix.
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Au cours d’une petite discussion, je compris, pour la première fois de ma vie, pourquoi le CELIB (Comité d’Etudes et de Liaisons des Intérêts Bretons) avait réussi à obtenir des résultats tangibles et durables (par exemple : le réseau de quatre-voies, rapides – 110 km/h et gratuites – que beaucoup peuvent nous envier aujourd’hui) en faveur de la Bretagne. Cette raison, selon mon souvenir, réside dans le positionnement d’équilibre (des députés formant le CELIB) d’alors entre les principales forces (gauche et droite) à l’Assemblée. Les députés d’aujourd’hui, dans leur ensemble, s’en souviennent-ils, et en ont-ils tiré les leçons ?
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Comment peser dans un système à vote majoritaire quand l’on représente une minorité territoriale (4 millions) soit environ 5% du corps électoral ? N’est-ce pas la notion de démocratie qui est ainsi confisquée ?
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Penaos pouezañ, evit kaout divizoù da-geñver ar Vro (pe un dachennad vihan) pa ne vezer nemet dister-tre e-barzh un dachennad vras ? Pelec’h emañ an demokratelezh, e-barzh ur sistem seurt-se, pa vez anv eus kudennoù lec’hel ? Ha koulskoude, Breizh a fell dezhi bevañ.
- Aucune avancée de l'État français jacobin qui accentue l'incorporation et la dissolution des provinces, des peuples et des cultures en France. en 2025, président autoritaire et gouvernement illégitime.
- La République invente des "régions". Bretagne découpée (B4 et 44).
- Les langues "régionales" qui continuent de s'écrouler comme avant guerre. La Honte est là.
- Le remembrement forcé dans les campagnes qui détruit la faune et la flore locales... puis l’exode vers Paris pour finir de déraciner les gens.
le tout sans l'avis du peuple.
Les bretons résistants avec De Gaulle ou dans les maquis bretons étaient des milliers !
Par contre le serment au Maréchal Petain à Grenoble en 1941 devant 60.000 gendarmes et dans des rues bondées !
Pour les anti-bretons, il en suffit d'un pour discréditer les 4 millions d'autres.
La dissolution était plus qu'accomplie avant 1940. La langue bretonne interdite dans les écoles, dans la sphère publique, les partis autonomistes interdits, les prénoms bretons interdits, la Bretagne n'existant d'ailleurs pas politiquement. Juste une vieille carte postale d'Ancien Régime.
"La République invente des "régions". Bretagne découpée (B4 et 44)"
Cela date d'avant 1945. Nous n'en sommes pas sortis et les bretons en sont grandement responsables. La dernière réforme des Régions a été un total fiasco, et l'on n'a surtout vu que le problème ne venait pas en l'occurrence que de Paris sur ce sujet précis.
"Les langues "régionales" qui continuent de s'écrouler comme avant guerre. La Honte est là."
Le breton est enseigné dorénavant dans certaines écoles, les écoles Diwan sont nées. Le véritable gros problème actuellement c'est pour moi l'absence de véritable médias bretons...TV clairement, même presse. Il n'y a pas de presse bretonne.
Sans cela, la Bretagne ne serait qu'un folklore totalement poussiéreux.