À l'occasion de l'Université d'été du mouvement Régions et Peuples Solidaires (R&PS), tenue en Corse le 25 août 2025, l'IFOP a publié une enquête d'ampleur nationale sur le rapport des Français au régionalisme, à l'autonomie et aux langues régionales. 71 % souhaitent que la France devienne plus fédérale et renforce considérablement le pouvoir des régions, un score qui atteint 78 % en Bretagne historique et 86 % en Alsace.

À l'occasion de l'Université d'été du mouvement Régions et Peuples Solidaires (R&PS), dont fait partie l'UDB, tenue en Corse le 25 août 2025, l'IFOP a publié une enquête d'ampleur nationale sur le rapport des Français au régionalisme, à l'autonomie et aux langues régionales. L'étude, menée auprès de 2 000 Français et de 7 échantillons spécifiques (Alsace, Corse, Bretagne historique, Catalogne nord, Pays Basque, Pays de Savoie, espace occitan), révèle une France où la demande de décentralisation et de reconnaissance des identités régionales ne cesse de croître.

L'échec de la réforme de François Hollande

Selon l'analyse Ifop -Régions et peuples solidaires : " Le redécoupage régional de 2015 apparaît comme un échec aux yeux des Français, qui plébiscitent à 68% une nouvelle réforme tenant compte des réalités culturelles et historiques. Cette remise en cause du découpage administratif imposé par François Hollande trouve un écho particulièrement fort dans les territoires "maltraités" par la réforme : 84% en Alsace, 80% en Corse, 77% en Catalogne et 72% en Bretagne. Elle révèle l'inadéquation entre une logique technocratique de rationalisation administrative et les aspirations identitaires des populations, confirmant que l'efficacité économique ne peut se substituer à l'ancrage historique et culturel des territoires."

Un désir massif de décentralisation

  • 68 % des Français estiment que les collectivités locales n'ont pas assez de pouvoir, soit +18 points depuis 2012.

  • 71 % souhaitent que la France devienne plus fédérale et renforce considérablement le pouvoir des régions, un score qui atteint 78 % en Bretagne historique et 86 % en Alsace.

  • 73 % des sondés soutiennent que les régions puissent adapter les lois nationales aux réalités locales, un bouleversement qui transcende les clivages politiques, allant des électeurs Mélenchon aux électeurs Le Pen.

La Corse en pointe : une autonomie plébiscitée

En Corse, 76 % des habitants se disent favorables au projet de loi constitutionnelle sur l'autonomie qui sera examiné au Sénat en octobre. Plus d'un jeune Corse sur deux y est " tout à fait favorable ". Même les électeurs du Rassemblement national, traditionnellement hostiles, soutiennent massivement ce statut (74 %). À l'échelle nationale, le projet obtient 51 % d'approbation, mais grimpe à 70 % chez les moins de 25 ans.

Les autres régions en mouvement

  • Alsace : 80 % des habitants veulent une région Alsace hors du Grand Est (+12 points depuis 2019).

  • Savoie : 51 % soutiennent la création d'une région Savoie, contre 41 % en 2000.

  • Bretagne : 53% des Bretons souhaitent que la Loire-Atlantique soit rattachée à la région Bretagne, contre 49% en 2012. Les habitants de la Bretagne administrative y sont plus favorables qu’il y a une douzaine d’années (+ 7 points) même s’ils sont toujours moins enthousiastes à cette idée qu’en Loire-Atlantique.

  • Pays Basque : 62 % sont favorables à une collectivité à statut particulier, un niveau stable depuis 25 ans.

Les langues et la mémoire au cœur des attentes

Le sondage confirme que la question linguistique demeure centrale :

  • 77 % des Français veulent la reconnaissance officielle des langues régionales (93 % en Corse, 91 % au Pays Basque, 87 % en Bretagne).

  • 64 % sont favorables à la co-officialité dans les territoires concernés.

  • 84 % soutiennent l'enseignement de l'histoire régionale à l'école.

  • L'enseignement obligatoire des langues régionales progresse : 57 % en Bretagne (contre 49 % en 2000), 76 % en Corse.

Un rejet du centralisme et du " tout-Paris "

Le constat est implacable :

  • 90 % des Français jugent l'État trop déconnecté des réalités locales.

  • 82 % dénoncent un centralisme médiatique focalisé sur Paris.

  • Seuls 29 % des Bretons estiment que leurs besoins sont pris en compte par l'État, un chiffre qui chute à 24 % en Catalogne.

Une identité régionale affirmée

Enfin, l'enquête révèle que 47 % des Bretons se sentent avant tout attachés à leur région, contre 27 % en moyenne nationale. Mais le paradoxe est là : seuls 9 % des Bretons déclarent bien comprendre leur langue, ce qui souligne l'urgence d'un effort de transmission.

Une lame de fond ignorée ?

Pour François Alfonsi, président de R&PS, ce sondage illustre " un grand décalage entre l'opinion réelle des Français et le système médiatique qui a toujours minoré nos revendications ". Alors que l'autonomie corse s'invite à l'agenda parlementaire, ce soutien populaire place désormais les élus face à leurs responsabilités.

Ce sondage marque une étape : loin d'être marginal, le fédéralisme s'impose comme une aspiration profonde et transpartisane. Il traduit à la fois un rejet du jacobinisme et un désir de réconciliation entre France et régions historiques, sur la base d'un modèle fédéral ou, du moins, d'une autonomie renforcée.

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