
Chercheur d’origine bretonne et pionnier du deep learning, Yann Le Cun a reçu au St James’s Palace le Queen Elizabeth Prize for Engineering des mains du roi Charles III. Il est distingué aux côtés de Yoshua Bengio, Geoffrey Hinton, John Hopfield, Fei-Fei Li, Jensen Huang et Bill Dally pour des contributions qui ont façonné l’IA moderne.
Palais St James — 5 novembre 2025. Le chercheur d’origine bretonne Yann Le Cun (Yann Lecun pour les Américains), figure mondiale de l’intelligence artificielle et artisan des réseaux de neurones profonds (deep learning), a reçu au St James’s Palace le Queen Elizabeth Prize for Engineering (QEPrize), remis par le roi Charles III. Le Cun est distingué aux côtés de Yoshua Bengio, Geoffrey Hinton, John Hopfield, Fei-Fei Li, Jensen Huang et Bill Dally pour des contributions fondatrices qui ont façonné l’IA moderne.
La cérémonie a honoré sept pionniers dont les travaux soutiennent la révolution actuelle de l’IA :
– la mise à l’échelle des réseaux de neurones (Bengio, Hinton, Hopfield, Le Cun) ;
– l’essor des plates-formes matérielles pour l’entraînement (Huang, Dally) ;
– et les jeux de données de référence (Fei-Fei Li).
Le Breton le plus connu de la sphère internationale
Né à Paris d'un père breton, Yann Le Cun est directeur scientifique de l’IA chez Meta et professeur à l’Université de New York. Ses travaux sur les réseaux de neurones convolutifs ont révolutionné la vision par ordinateur. Avec Bengio et Hinton, il avait reçu en 2018 le prix Turing, souvent considéré comme le « Nobel de l’informatique ». Aujourd’hui, il sillonne les universités des quatre continents où il donne des conférences.
Pour l’écosystème scientifique comme pour l’industrie, le QEPrize consacre cette année plus de deux décennies d’avancées qui ont rendu possibles la reconnaissance d’images (quand vous mettez un chèque dans un distributeur de billets, c'est un algorithme de Yann Lecun qui lit le montant), la traduction automatique, les assistants vocaux et l’accélération matérielle dédiée à l’IA. Une reconnaissance qui résonne aussi en Bretagne, terre d’ingénieurs, de laboratoires et de start-ups actives en IA et traitement des données.
“This year’s prize honours seven pioneers whose work has shaped modern artificial intelligence… Together, their contributions underpin the AI revolution.” — message partagé lors de la cérémonie.
Fidèle à ses racines
Yann Le Cun a été sonneur de bombarde dans sa jeunesse et revient chaque été une à deux semaines en Côtes d’Armor. Un clin d’œil breton qui n’enlève rien à l’actualité du jour — la reconnaissance internationale d’un parcours scientifique majeur. (La boutade veut que jouer de la bombarde « oxygène les neurones » est à prendre avec humour.)
Lors d’une récente intervention en visio à Quimper, en mai dernier à l’occasion de l’anniversaire du .bzh, il a abordé les enjeux de la numérisation du breton et l’importance de constituer un corpus.
Commentaires (1)
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Quand les Américains ont inventé et utilisé le terme « Data Processing » (anagramme « DP »), la sphère francophone a réagi en inventant (je crois me souvenir que son origine vient du monde IBM) le terme « Informatique » qui a connu le succès que l’on sait, au point d’être repris par d’autres langues voisines : « Informatica »,...
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Il s’agit de deux visions différentes d’une même réalité portée par la machine : la « donnée » ou « data » insiste sur le contenu mémoire – une quantité d’octets stockable et manipulable- considéré comme un objet neutre, tandis que l’information insiste sur la sémantique, autrement dit le sens pour l’utilisateur humain.
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Pourquoi, quelques décennies plus tard, c’est-à-dire aujourd’hui, alors que les Américains ont inventé et popularisé le terme « Artificial Intelligence » (« AI » en anagramme original, ou « IA » dans sa version française), une initiative analogue n’a -t-elle pas été prise ? Pourquoi ne pas avoir inventé un mot en français. Le débat public (en France) y gagnerait en clarté et cela éviterait – sans doute ? – bien des fourvoiements...
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A commencer par le qualificatif « Artificiel » qui, en l’espèce, ne veut rien dire de précis. « Numérique » serait déjà plus convenable, selon moi, pour qualifier un ensemble de fonctionnalités mise en œuvre par des machines « numériques ». Quant au vocable «Intelligence qui relève d’un anthropomorphisme - la chose est courante depuis les débuts et tout au long de l’histoire de l’informatique - il n’a pas le même sens en américain et français. Dans ces conditions, comment arriver à se comprendre ?....
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En breton, il existe deux vocables concurrents : « IA » (« Intent Artifisiel », deux mots proposés par Lukian Kergoat, par exemple) et un autre vocable (« Naouegezh » proposé par une autre équipe de lexicologues. Voir le « Geriafurch »). Le premier a le mérite d’être immédiatement repérable, mais continue de propager la confusion ambiante. Que signifie le second ?
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E brezhoneg ez eus daou c’her evit treiñ an amerikaneg « Artificial Intelligence ». An eil a glot gant al lizherennoù IA/AI, mes eñ a zo a zo ur ger « etrevroadel » kentoc’h. Egile a zo brezhonekoc’h, mes petra a dalv eñ, e gwirionez ?
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Je serais curieux de connaître l’avis de Yann Le Cun, sur cette question de vocabulaire (américain/français). Cela éclairerait peut-être les spécialistes des néologismes en breton ?